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Elle a continué à enseigner à plein temps quand son époux était vice-président, elle compte bien faire de même en entrant à la Maison-Blanche. Ce qui ne l’empêchera pas d’être son officieuse conseillère en chef.

Joe Biden, qui vient de franchir la barre des 270 grands électeurs, sera le 46e président des Etats-Unis. Tout au long de la course pour accéder à la Maison-Blanche, le démocrate a pu compter sur le soutien de son épouse, Jill, engagée à fond dans la campagne où elle a confirmé son statut de première conseillère, notamment sur des sujets comme l’éducation ou l’immigration. Au moment de la convention d’investiture démocrate, en août, « l’Obs » avait brossé son portrait en dix points. Nous le republions.

1. « Philly »

Elle est née dans le New Jersey, le 3 juin 1951, mais a grandi à Philadelphie (« Philly », pour ceux qui y habitent) dans une famille simple : père guichetier de banque, mère au foyer. Fan de sport et fêtarde, Jill épouse à 18 ans Bill Stevenson, un joueur de foot de la fac. Ensemble, ils ouvrent le Stone Balloon, un bar proche de l’université du Delaware, très fréquenté par les étudiants. Des artistes locaux s’y produisent, dont un certain Bruce Springsteen en 1974. Le mariage avec Stevenson ne durera que quatre ans.

2. Neilia

A 19 ans, elle se rend dans un meeting de campagne de Joe Biden pour le Sénat. Elle ne rencontre pas le candidat mais serre la main de son épouse, Neilia. « Je me souviens d’avoir remarqué à quel point leur famille était charmante – le jeune sénateur bien de sa personne, cherchant à rendre le monde meilleur ; sa belle femme amoureuse, toujours là pour l’encourager. Et trois gamins adorables. » A peine un mois plus tard, Neilia et leur fille d’un an se tuent dans un accident de voiture.

3. Modèle

Jill Biden insiste sur le fait qu’elle n’a jamais été mannequin, se contentant de quelques apparitions mal payées. Mais un beau jour de 1975, son sourire sur une affiche capte l’attention du jeune sénateur du Delaware, veuf depuis trois ans. Le soir même, Joe Biden se rend à un date (rendez-vous galant) organisé par son frère. Quand il se présente à la porte, stupéfaction : c’est la fille de la pub ! Le choc est mutuel. Jill, habituée aux pattes d’eph’et aux chemises bariolées, regarde de haut en bas le sénateur cravaté.

4. « Mom »

Jill s’attache très vite aux deux jeunes fils, Beau et Hunter, qui ont survécu à l’accident et l’adoptent immédiatement. Elle refusera d’ailleurs quatre demandes en mariage de Joe, voulant être sûre d’elle à 100 %. Même si Neilia reste à jamais dans leur mémoire, chez les Biden, personne n’utilise le mot « belle-mère » : pour les deux garçons, Jill Biden sera toujours « Mom » au point qu’en 1980, ce sont eux qui annoncent sa grossesse à leur père et choisissent le prénom de leur petite sœur, Ashley.

5. « Dr. B. »

« Etre prof n’est pas ce que je fais, c’est ce que je suis », dit-elle. Elle a d’ailleurs prononcé son discours de la convention démocrate depuis la salle de classe où elle enseignait l’anglais dans un lycée de Wilmington. Déjà titulaire de plusieurs diplômes, elle a obtenu son doctorat en 2007, à 56 ans. Première femme de vice-président à occuper un job à plein temps, elle a enseigné dans une fac locale où ses étudiants l’appelaient « Dr. B. », sans parfois savoir qui était son époux. Même à la Maison-Blanche, « Dr. B. » continuera à exercer son métier de prof.

6. « NO »

Joe Biden a voté en 2002 pour l’invasion de l’Irak, Jill était totalement contre. En 2003, quand des pontes du parti se retrouvent chez les Biden pour tenter de le convaincre de se présenter à la présidentielle de 2004, elle n’est pas prête. Elle reste assise en bikini au bord de la piscine, « furieuse », jusqu’à ce qu’elle explose. Ni une ni deux, elle se saisit d’un feutre, écrit « NO » en grandes lettres sur son ventre et traverse le salon. Message reçu. Mais quatre ans plus tard, elle encourage son mari à se lancer dans la présidentielle.

7. Marathon

Très engagée dans la philanthropie, Jill Biden participe à des courses pour des causes caritatives dans les années 1990. « J’étais tellement essoufflée que je me suis dit : « Je vais me mettre à courir », confiera-t-elle. Mon premier jogging, je l’ai fait dans mon quartier, dans le Delaware, sur environ 500 mètres. J’ai accru petit à petit la distance, jusqu’à devenir accro. » Elle finit le marathon des marines en 1998, participe à plusieurs « 5K » et « 10K » (5 et 10 kilomètres) et court toujours tous les jours, quand c’est possible.

8. Mémoires

La perte de Beau, le fils aîné de Biden décédé d’un cancer en 2015, à 46 ans, a été un coup incroyablement dur pour son père, qui l’adorait, et pour Jill. « Depuis la mort de Beau, je suis en morceaux, avoue-t-elle en 2019 dans ses Mémoires. J’ai l’impression d’être un objet en porcelaine de Chine dont les morceaux ont été recollés – les fissures sont peut-être imperceptibles mais elles sont là. » Protestante, elle indique dans le même livre ne plus aller au temple et « ne pas être prête pour les sermons et prières » (mais elle a récemment affirmé avoir retrouvé la foi).

9. Engagement

Quand Biden porte son choix sur Kamala Harris comme colistière, c’est elle qui informe les membres du comité. « Elle est une sorte de conseillère en chef, a confié Ted Kaufman, le vieil ami de Biden. C’est un peu comme la relation qu’il avait avec Obama, il était la dernière personne que le président écoutait [avant de décider]. Avec Jill, c’est la même chose. » Engagée à fond dans la campagne, où on l’a vue s’interposer à deux reprises pour protéger son mari de protestataires agressifs, elle sera influente sur des sujets comme l’éducation ou l’immigration.

10. Jill et Jane

Le respect amical entre Joe Biden et Bernie Sanders est connu. La relation entre leurs conjointes respectives, moins. Jane Sanders et Jill Biden ont appris à mieux se connaître pendant la campagne, et elles se sont appréciées. Les deux ont toujours gardé leurs distances avec le petit monde étouffant de Washington. Jill, a confié Jane, « pense ce qu’elle dit et dit ce qu’elle pense ». La seconde a même fait cette drôle de confession à Bernie : « Je voterais pour toi comme président, mais je crois que je voterais pour Jill comme First Lady si j’avais le choix. »

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