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Au Sénégal, peu de jeunes recourent aux services officiels de santé sexuelle et reproductive. Beaucoup semblent perdus à cause du manque d’information, de l’ignorance et des tabous. Une situation qui les expose aux risques d’IST, de VIH, de grossesses non désirées et des avortements clandestins.

Le non accès des jeunes aux services publics de santé constitue un problème sérieux dans les pays en voie de développement. Cela compromet l’atteinte des Objectifs pour le développement. L’éducation sexuelle reste toutefois extrêmement limitée au Sénégal, exposant par conséquent les jeunes aux grossesses non désirées, au VIH et à d’autres infections sexuellement transmissibles. Ils ne disposent que d’un accès restreint aux informations relatives à la santé, notamment en matière de santé sexuelle et reproductive. ‘’Nous vivons dans un pays conservateur, parler de sexualité reste tabou. La plupart des familles et des enseignants ne sont pas correctement formés pour discuter de sexualité ou pour enseigner le sujet. Et les jeunes ne savent pas où obtenir des informations’’, explique Aminata Traore Seck, spécialiste en santé de la reproduction au ministère de l’Éducation du Sénégal à l’occasion de la journée mondiale de la jeunesse célébrée le 12 août.  A son avis, les jeunes se posent beaucoup de questions concernant la sexualité, la puberté, les infections sexuellement transmissibles (IST), le sida, les grossesses non désirées.

Selon un rapport de Guttmacher, parmi les jeunes femmes sexuellement actives de 15 à 19 ans qui n’ont jamais été mariées, 77% présentent des besoins de contraception non satisfaits, parce qu’elles désirent éviter une grossesse durant les deux prochaines années mais n’utilisent aucune méthode contraceptive. Ces besoins de contraception non satisfaits atteignent des niveaux aussi élevés dans les milieux urbains que dans les milieux ruraux (80% et 74%, respectivement). Parmi les jeunes femmes mariées âgées de 15 à 19 ans, près du tiers ont des besoins de contraception non satisfaits ; chez les mariées, la proportion qui ont des besoins non satisfaits est plus grande dans les milieux urbains que dans les milieux ruraux (41% par rapport à 27%).

Éviter les grossesses précoces non désirées

En plus des IST les grossesses non désirées constituent un problème pour cette cible jeune. En 2020, le Groupement pour l’étude et l’enseignement de la population (Geep) notait, dans un rapport, que le confinement partiel imposé pour lutter contre le Covid-19 avait augmenté le nombre de grossesses précoces non désirées au pays. Rien qu’en 2019, 1 321 cas de grossesses d’adolescentes âgées entre 12 et 19 ans ont été recensés, selon le rapport du GEEP. L’enquête, qui a couvert la quasi-totalité du réseau scolaire, montre que près d’un établissement sur deux est touché. Pour contrer la tendance, les campagnes de sensibilisation visent à lever le tabou sur l’éducation sexuelle et à maintenir les jeunes filles à l’école.

Ces cas de grossesse précoce étaient signalés pour la plupart à Kolda, Sédhiou et Ziguinchor, dans le sud du pays. Toutefois, la capitale Dakar n’était pas épargnée puisque de nombreuses jeunes filles sont tombées enceintes à Colobane, Fass, Médina , Guediawaye et Gueule Tapée. Mais ce problème n’est pas spécifique au Sénégal. Dans plusieurs pays africains, les grossesses précoces non désirées représentent là-bas aussi un problème majeur pour les jeunes filles. En parallèle, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que les complications liées à la grossesse et l’accouchement causent la mort de nombreuses filles âgées de 15 à 19 ans.  A cela s’ajoute le nombre d’avortements relativement élevé dans le pays causé par les grossesses non désirées.  Alors que celui-ci est interdit au Sénégal.  Selon la Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant (DSME) du ministère de la Santé et de l’Action sociale, 34 079 cas sont recensés en 2020. La région de Dakar enregistre le grand nombre d’avortement.

34 079 cas d’avortements recensés en 2020

 La capitale sénégalaise est à 6 948 cas. Elle est suivie de Thiès, qui compte 5 390 cas.  La DSME révèle que, Diourbel a pris la troisième place avec 3 704 cas répertoriés, Kaolack est à 2 673 cas. S’agissant des régions qui ont moins de mille cas, figurent Sédhiou avec 888 et Kédougou 632 rapporte notre source. L’avortement est illégal et sévèrement restreint au Sénégal. L’Avortement à risque affecte de manière disproportionnée les femmes les plus pauvres. D’ailleurs selon les statistiques fournies précédemment par Adama Sanoukho de la DSME et membre du Comité de plaidoyer pour l’accès à l’avortement médicalisé (Task Force) en cas de viol, d’inceste et si la santé de la mère et du fœtus est en danger, les avortements à risques représentent la 5eme cause de décès maternels, 8% du taux de mortalité maternelle et 50% des admissions en urgence dans les maternités de référence. Les Adolescents de 15 à 19 ans qui font recourt aux avortements représentent 22 % de la population totale et 14% sexuellement actifs.

En 2021, renseigne le responsable de la sécurité de l’Unité de coordination de la gestion des déchets solides (UCG), Isidore Gomis, 39 corps de bébés ont été retrouvés au milieu de la décharge de Mbeubeuss. Au total, près de deux tiers (63%) des avortements pratiqués au Sénégal le sont par des personnes non qualifiées et sont considérés présenter un très haut risque. Selon les estimations, 38% sont pratiqués par les guérisseurs traditionnels et 21% sont provoqués par les femmes elles-mêmes.Environ 4% sont provoqués à l’aide de drogues/médicaments ou autres substances achetées en pharmacie. Un peu plus du tiers sont pratiqués par des professionnels de la santé qualifiés (17% par des médecins et 20% par des infirmières ou des sages-femmes).La majorité des Sénégalaises qui se font avorter (55%) rencontrent des complications qui requièrent un traitement médical. Quarante-deux pour cent de ces femmes n’obtiennent cependant pas les soins dont elles ont besoin.

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