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[Audio] Macky et Idy chez Wade ? (Par Mamadou Ibra Kane)
On s’attendait à une visite du Président Macky Sall à son prédécesseur, Me Abdoulaye Wade. Dans l’euphorie de leurs retrouvailles de Massalikul Jinane, les deux hommes politiques s’étaient rencontrés au Palais présidentiel et le chef de l’État avait promis à son hôte du jour de lui rendre la pareille à son domicile de Fann Résidence. Que le temps passe vite !
 
En effet, cela fait plus d’un an que l’ancien et l’actuel président de la République avaient scellé leur réconciliation, vraie ou non, devant Dieu et devant les hommes. En plus, dans la maison de Dieu, une mosquée flambant neuf et un vendredi, jour de grande prière. Le moins qu’on puisse dire est que le chef de l’État déjoue tous les pronostics en signant l’armistice avec son frère libéral, Idrissa Seck. Contre toute attente, les enfants bannis se retrouvent ainsi main dans la main pour une alliance qui n’a pas encore révélé tous ses secrets. Ne viennent-ils pas d’administrer la preuve que la politique n’est pas une histoire d’enfant ?
 
Avec les deux, le jeu politique s’invente une nouvelle règle et taquine l’adage. Il n’y a en politique que les montagnes qui se rencontrent. Et si seulement la nouvelle idylle était le préliminaire des retrouvailles de la grande famille libérale ? Macky Sall et Idrissa Seck iront-ils s’enquérir des nouvelles de leur ancien mentor, l’ancien président Abdoulaye Wade en l’occurrence ? Imaginons les deux fils bannis prenant la direction de Fann Résidence pour discuter à bâtons rompus avec leur père spirituel…
 
Quittons la fiction pour en venir aux faits qui se déroulent sous nos yeux. Macky Sall ou la quête du consensus. Un consensus obtenu au prix fort : Moustapha Niasse à l’Assemblée nationale, Aminata Mbengue Ndiaye à la présidence du Haut Conseil des Collectivités territoriales succédant à feu Ousmane Tanor Dieng et depuis le 1er novembre, Idrissa Seck à la tête du Conseil économique, social et environnemental. Qui dit mieux ?
 
Trois leaders de partis différents de celui du président de la République placés aux premières loges, si ce n’est une première dans l’histoire politique du pays, le fait est assez inédit pour être souligné. Car, le constat est que pas une seule institution n’est aujourd’hui dirigée par un responsable issu des rangs de l’APR, hormis le fauteuil occupé par le chef de l’État. Consensus fort ou consensus mou ? Le temps qui nous sépare de l’élection présidentielle de 2024 nous édifiera.
 
Pour l’instant, seul Idrissa Seck a parlé. Macky Sall pour sa part, se tait. Le président du parti REWMI, arrivé deuxième à la Présidentielle de février 2019, explique avoir fait le choix du renoncement à « l’opposition radicale » au profit d’une « implication directe et personnelle pour redresser la situation de notre pays ».
 
Parallèlement le président de la République garde le silence. Une posture qu’affectionnait, il n’y a guère longtemps, le tout nouveau patron du Conseil économique, social et environnemental. Le temps de la parole pour Idy. Le temps du silence pour Macky. Un bien curieux inversement des rôles. Un jeu en cache-t-il un autre ? Ce qui est sûr c’est que le Président Macky Sall a joué à fond la carte Idrissa Seck. Et Aminata Touré en fait les frais. A quelle fin ? Pour quel objectif ? Mystère.
 
Les Sénégalais, eux, affichent une relative indifférence. Ils sont habitués au jeu de yo-yo de leur classe politique. Le chef de l’État promet « relance et réformes ». Il l’a encore répété en Conseil des ministres à son tout nouveau gouvernement. Ses compatriotes sont durement éprouvés par la crise née de la pandémie de la Covid-19. Et les jeunes sont à nouveau tentés par l’émigration clandestine au péril de leur vie. Pour tous, la promesse présidentielle renvoie à quelque chose de bien précis : job et thiob (comprenez l’emploi et le repas).

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