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Des raisons liées au décrochage scolaire et à l’économie expliquent notamment ce choix. Le chef de l’Etat a toutefois précisé, dans son allocution de mercredi, que les protocoles sanitaires vont être renforcés dans ces établissements.

C’est l’une des principales différences avec le premier confinement mis en place au printemps. Emmanuel Macron a annoncé mercredi 28 octobre que les crèches, écoles, collèges et lycées de France resteraient ouverts pendant la nouvelle période de confinement décrétée à partir de vendredi, jusqu’au 1er décembre au moins, pour tenter d’endiguer la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19.

Pourquoi une telle décision ? Voici quelques éléments de réponse.

Pour éviter le décrochage scolaire

« Nos enfants ne sauraient être durablement privés d’instruction, d’éducation, de contact avec le système scolaire », a expliqué le président de la République lors de son allocution. Et Emmanuel Macron de justifier cette décision par la lutte contre le décrochage scolaire : « Trop de conséquences, trop de dégâts, en particulier pour les plus modestes ».

Selon une enquête publiée en juillet de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, la division des statistiques du ministère de l’Éducation, les professeurs du premier et du second degré ont estimé ne pas avoir pu suivre respectivement 6% et 10% de leurs élèves lors du premier confinement.

Ce phénomène touche particulièrement les élèves inscrits dans l’enseignement professionnel, et ceux issus de milieux défavorisés, qui manquaient parfois de matériel adéquat ou d’un accompagnement suffisant pour suivre les cours à distance. Fin mars, une professeure d’histoire-géographie de Seine-Saint-Denis s’alarmait ainsi sur franceinfo de ne voir dans certaines classes que 40% des élèves se connecter à la plateforme mise en place par son collège.

La rentrée de septembre a heureusement permis de revoir la majorité des élèves décrocheurs sur les bancs de l’école. Cité par Le Monde à la mi-octobre (article payant), le recteur de l’académie de Créteil (Val-de-Marne) indiquait n’avoir « plus que 170 élèves qui n’ont pas honoré leur inscription, soit quatre par commune, probablement à cause de déménagements ». Cette mesure prise par le gouvernement vise donc à ce que ces enfants et jeunes adultes qui ont repris le chemin de l’école ne rompent à nouveau le lien avec le système éducatif.

Pour ne pas nuire davantage à l’économie

De manière plus pragmatique, laisser les plus jeunes fréquenter les salles de classe malgré le confinement permet également à leurs parents de travailler plus facilement. Une manière de ne pas grever davantage une activité économique qui s’apprête à subir un nouveau ralentissement.

« L’économie ne doit ni s’arrêter, ni s’effondrer », a ainsi insisté Emmanuel Macron dans son allocution, promettant que l’activité continuerait « avec plus d’intensité » par rapport au premier confinement. L’enjeu est de taille : en avril dernier, mois entièrement passé sous le régime du confinement, l’activité avait chuté de plus de 30% en France. Invité mercredi matin de Sud-Radio, le ministre délégué chargé des Comptes publics, Olivier Dussopt, a estimé que l’impact sur l’économie française d’un reconfinement strict d’un mois représenterait entre 2 et 2,5 points de PIB.

Garder ouvertes les portes des établissements scolaires entre ainsi dans la logique du « confinement écocompatible » que Philippe Amouyel, professeur en santé publique au CHU de Lille, appelait récemment de ses vœux, et qui consiste à« confiner encore au maximum les relations dans le système privé en essayant de maintenir l’économie » à flot.

Parce que les plus jeunes restent moins vulnérables au Covid-19

La deuxième vague aura beau être, selon les mots d’Emmanuel Macron, « sans doute plus dure et plus meurtrière que la première », elle semble une nouvelle fois frapper moins durement les plus jeunes. D’après les derniers chiffres disponibles dans le point épidémiologique de Santé publique France, le taux d’incidence (c’est-à-dire le nombre de cas positifs pour 100 000 personnes par semaine) n’était dans la semaine du 12 au 18 octobre que de 94 chez les 0-14 ans, contre 367 chez les 15-44 ans, 272 chez les 45-64 ans, 164 chez les 65-74 ans, et 195 chez les 75 ans et plus.

C’est également parmi les 0-14 ans que le taux de positivité des dépistages effectués cette semaine-là est le plus bas : 9,6%, contre 14% chez les 15-44 ans, 14,9% chez les 45-64 ans, 13,7% chez les 65-74 ans et 13,8% chez les 75 ans et plus.

« Les enfants sont moins contaminés et moins contaminants, mais il faut tout de même renforcer les mesures existantes », estimait toutefois sur LCI le professeur Robert Cohen, pédiatre et infectiologue à l’hôpital intercommunal de Créteil (Val-de-Marne). Cela passe « par une aération des classes supérieure à la normale et un non-mixage des classes, notamment à la cantine ».

Une analyse qui va dans le sens des annonces présidentielles : crèches, écoles, collèges et lycées ne resteront ouverts qu’avec un protocole sanitaire « renforcé », a précisé Emmanuel Macron mercredi soir. Difficile à l’heure actuelle de savoir exactement quelles mesures supplémentaires vont être prises. Ces derniers jours, le port du masque pour les enfants dès 6 ans était réclamé par certains professionnels de santé. Le chef de l’Etat n’en a pas fait mention dans son allocution, mais le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, devrait apporter des précisions sur le nouveau protocole dès jeudi matin.

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