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Un ralliement crucial. Indéboulonnable Premier ministre israélien depuis 12 ans, Benyamin Netanyahou est plus que jamais fragilisé. Dimanche, son ancien ministre de la Défense Naftali Bennett, héraut de la droite radicale, a apporté son soutien au chef de l’opposition israélienne Yaïr Lapid. « J’annonce que je vais tout faire pour former un gouvernement d’union avec mon ami Yaïr Lapid », a déclaré Naftali Bennett. « Dans ces instants de vérité, il faut savoir prendre ses responsabilités », a-t-il ajouté dans un discours télévisé. « Yaïr et moi avons nos différences mais nous partageons l’amour de ce pays. »

Une coalition hétéroclite. Après les élections législatives du 23 mars, les quatrièmes organisées en moins de deux ans, Benyamin Netanyahou a échoué à former une nouvelle coalition. Le président Reuven Rivlin a ensuite chargé Yaïr Lapid, à la tête du parti centriste Yesh Atid (« Il y a un futur ») de constituer un gouvernement. Pour cela, l’intéressé doit rassembler 61 députés sur 120. Il a reçu l’appui de la gauche, du centre et de deux formations de droite, soit 51 sièges. En théorie, Naftali Bennett et sa formation Yamina (« A droite ») pourraient lui apporter sept sièges, mais l’un de ses membres a déjà fait savoir qu’il refusait de collaborer avec les anti-Netanyahou.

Reste donc quatre députés à rallier, et Yaïr Lapid mise particulièrement sur un parti arabe israélien, le parti islamiste Raam de Mansour Abbas (4 sièges) . Un attelage hétéroclite, mais que le centriste qualifie plutôt de « gouvernement d’union nationale », peu après les 11 jours de guerre entre l’Etat hébreu et le Hamas palestinien et les heurts dans les les villes judéo-arabes.

Rien n’est fait. Les partis Yesh Atid et Yamina ont entamé dimanche des négociations pour définir un accord. Selon les médias israéliens, les deux leaders se seraient entendus pour un gouvernement en roulement : Naftali Bennett deviendrait le chef du gouvernement pendant deux ans, tandis que Yaïr Lapid serait ministre des Affaires étrangères, et ils s’échangeraient ensuite leur place. Mais rien n’est fait. Car Yaïr Lapid n’a plus que trois jours pour rallier quatre députés sans s’aliéner le reste de sa coalition. Son mandat court jusqu’à mercredi soir, 23h59.

Fin de règne? Dans la foulée, Benyamin Netanyahou a fustigé ce projet de coalition, le qualifiant « d’arnaque du siècle » et de « danger pour la sécurité de l’Etat d’Israël ». Dimanche matin, le Premier ministre issu du Likoud (droite) avait tenté de contre-attaquer, en proposant une alliance à Naftali Bennett et son ancien ministre Gideon Saar (chef d’un petit parti conservateur), mais tous les deux ont décliné. Surnommé le « magicien » pour sa capacité à se maintenir au pouvoir, Benyamin Netanyahou est fragilisé. La campagne de vaccination massive en Israël ne lui a pas permis d’engranger des sièges et il est également visé pour « corruption » dans trois affaires.

Et maintenant? Si le camp anti-Netanyahou parvient à former un gouvernement, il faudra ensuite maintenir cet attelage fragile, rassemblant des partis aux lignes disparates. Mais si Yaïr Lapid échoue, deux scénarios sont possibles. Soixante-et-un députés pourront demander au président de désigner un parlementaire comme Premier ministre. Sinon, les Israéliens pourraient de nouveau être appelés aux urnes, pour le cinquième scrutin législatif en un peu plus de deux ans.

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