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Une page se tourne-t-elle au Sahel ? La reconfiguration de l?engagement militaire français dans la région se précise et commencera « dès les prochaines semaines », a déclaré, ce vendredi, Emmanuel Macron à l?issue d?un sommet avec les dirigeants du G5 Sahel.

Comment va se dérouler le retrait ?

Objectif 2022. Après plus de huit ans d?engagement massif, des sommes colossales englouties et 50 soldats morts au combat, le président français avait annoncé en juin la fin prochaine de l?opération Barkhane avec une revue à la baisse des effectifs français, la fermeture de bases militaires et une réarticulation de la lutte antidjihadiste autour de partenaires européens. En ce qui concerne les fermetures, elles concerneront les bases françaises de Kidal, Tessalit et Tombouctou d?ici le début « de l?année 2022 », a précisé le chef de l?État français lors d?une conférence de presse conjointe à Paris avec le nouveau président nigérien Mohamed Bazoum, dont le pays appartient au G5 Sahel. Les présidents tchadien, malien, burkinabè et mauritanien, les quatre autres membres de l?organisation, étaient pour leur part présents en visioconférence.

« Nos adversaires ont aujourd?hui délaissé une ambition territoriale au profit d?un projet de dissémination de la menace plus seulement à l?échelle du Sahel, mais à l?échelle de l?ensemble de l?Afrique de l?Ouest », a fait valoir le président Macron, exposant le chemin jusqu?à la fin de l?opération Barkhane de lutte antidjihadiste.

Pour justifier cette décision, le dirigeant français a évoqué « la pression exercée par les groupes terroristes dans les zones se situant à la frontière entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ». « Cette offensive présage malheureusement d?une pression renforcée sur l?ensemble des pays du golfe de Guinée qui est d?ores et déjà une réalité », a-t-il souligné.

Combien d?hommes finalement pour quelles missions ?

Au final, la France maintiendra « à terme entre 2 500 à 3 000 » hommes dans la région, contre 5 100 aujourd?hui, a affirmé Emmanuel Macron. Désormais, la présence militaire française au Sahel s?articulera autour de « 2 missions » : « la neutralisation et la désorganisation du haut commandement des deux organisations ennemies », Al-Qaïda et le groupe État islamique (EI), ainsi que « l?appui à la montée en puissance des armées de la région ».

Les commandos d?élite de la task force française « Sabre » seront comme prévu maintenus. Mais dans cette immense région désertique largement délaissée par les pouvoirs centraux, le reste de la lutte devra être assumé par les armées africaines et l?embryonnaire Force conjointe antijihadiste du G5 Sahel, que peu d?observateurs jugent capables de relever le défi.

Dans le cadre de cette réarticulation du dispositif français, l?emprise militaire de Niamey, qui accueille les avions de chasse et drones français, sera « musclée », a souligné le président Macron.

Parallèlement, « nos partenaires bénéficieront aussi du maintien de certaines capacités essentielles au Mali santé aéro-mobilité force de réaction rapide », et « le Tchad », où se trouve actuellement le QG de l?opération Barkhane appelée à disparaître, « restera enfin un élément clé de notre dispositif, avec le maintien d?une présence aérienne et terrestre significative », a ajouté le président Macron.

Quel rôle pour la force Takuba ?

Le dispositif français sera recentré autour de la task force européenne Takuba, composée de troupes d?élite censées former les unités maliennes au combat et qui rassemble aujourd?hui 600 hommes, dont la moitié de Français, et des Estoniens, des Tchèques, des Suédois et des Italiens. Le centre de commandement de Takuba sera localisé sur la base française de Niamey.

Quelles conséquences pour les armées nationales ?

Cette réarticulation, qui vise à mettre les forces armées locales en première ligne des efforts contre les djihadistes, pourrait considérablement modifier le rapport de force sur le terrain. « Nous ne pouvons que souscrire avec ce que la France est en train de faire, nous concevons que cette voilure soit réduite », a commenté à cet égard le président Bazoum. « La nature de notre ennemi commande une autre coopération », a-t-il ajouté, saluant la « rationalisation » de l?engagement français avec lequel les pays du G5 Sahel sont « absolument d?accord ».

Le président Macron a en tout cas rappelé la nécessité pour les États africains de réintroduire une administration dans les zones reprises militairement. « Il s?agit bien sûr d?empêcher deux organisations terroristes de faire du Sahel et de l?Afrique de l?Ouest leur nouveau terrain d?expansion et d?enracinement. Mais il ne s?agit, en revanche, en aucun cas de nous substituer à la responsabilité et à la souveraineté des États de la zone pour remplir leur mission de sécurité et de service apporté aux populations », a insisté le président Emmanuel Macron.

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