0 6 minutes 3 ans

Alors que le Wisconsin a été remporté par Joe Biden, Donald Trump a prévenu : il épuisera tous les recours possibles… jusqu’à la Cour suprême.

En 2000, la Cour suprême avait décidé de l’arrêt du recomptage des votes en Floride, entraînant la victoire de George W. Bush face à Al Gore. Vingt ans plus tard, Donald Trump ambitionne de faire de même : après des semaines à sous-entendre qu’il était prêt à tous les recours en cas de victoire de Joe Biden, qui ne pourrait être liée selon lui qu’à une fraude électorale, le président sortant compte mettre en oeuvre son plan. «Nous allons aller jusqu’à la Cour suprême. Nous allons faire arrêter le vote», a-t-il martelé mercredi, alors que les votes par correspondance, souvent comptabilisés dans un second temps, donnaient peu à peu l’avantage à Joe Biden dans des États où le républicain était initialement en tête. «Nous ne voulons pas qu’ils trouvent des bulletins à 4 heures du matin pour les ajouter à la liste, ok ? Nous allons gagner et, en ce qui me concerne, nous avons déjà gagné», a-t-il ajouté, fier de voir que les sondages qui prédisaient une large victoire de Joe Biden s’étaient trompés… comme en 2016. S’il appelle à un arrêt des votes en Pennsylvanie et en Géorgie, où il est pour l’instant premier, Donald Trump demeure favorable à une poursuite des opérations dans le Nevada et l’Arizona, deux États dans lesquels le démocrate est en tête mais qui sont indispensables pour sa réélection après le basculement du Wisconsin et du Michigan. Un deux poids, deux mesures présidentiel.

Cependant, la détermination de Donald Trump pourrait se heurter à la réalité de la sortie des urnes : non seulement Joe Biden a tenu les États remportés par Hillary Clinton en 2016, malgré une sous-performance en Floride, mais il a réussi à s’imposer dans les cruciaux Wisconsin et Michigan et à prendre la tête en Arizona, fief républicain qui n’avait pas choisi de démocrate à la présidentielle depuis Bill Clinton en 1996. L’annonce de la victoire de Joe Biden dans cet État, qui avait été très marqué par le décès de son sénateur de longue date John McCain à l’été 2018, a été faite en premier par Fox News. La chaîne conservatrice s’est attirée, selon CNN, les foudres de la campagne Trump pour avoir fait cette annonce jugée très prématurée à leurs yeux. Mais avec 3,4 points d’avance sur 86% des bulletins dépouillés, la victoire de Joe Biden dans l’Arizona semble inéluctable.

Un recours sur la Pennsylvanie à la Cour suprême serait insuffisant

Donald Trump préparait depuis des semaines ce scénario et s’était vanté d’avoir précipité la nomination et la validation d’Amy Coney Barrett à la Cour suprême, lui permettant d’avoir une «super majorité» de six juges conservateurs face à trois progressistes. Mais la Cour -sans la dernière nommée- avant le scrutin s’est attirée les foudres du président américain, s’étonnant de ne pas pouvoir compter sur une loyauté sans faille de ces magistrats nommés à vie mais censés être non-partisans, car elle avait rejeté des tentatives des républicains de limiter la portée du vote par correspondance dans plusieurs États.

Le recours le plus sérieux de Donald Trump pourrait se trouver en Pennsylvanie, car la Cour suprême a refusé le mois dernier d’accélérer une procédure pour trancher entre républicains et démocrates de l’État, les premiers luttant contre la décision des seconds de comptabiliser les bulletins reçus jusqu’à trois jours après l’élection, cachet de la Poste faisant foi. Quatre juges, dont les deux premiers nommés par le milliardaire Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh, s’étaient dit prêts à entendre l’affaire après le vote. Mais cet État seul, malgré ses 20 grands électeurs, ne serait pas suffisant pour garantir une victoire à Donald Trump, maintenant que le Michigan et le Wisconsin lui ont échappé et que la dynamique est pour Biden dans le Nevada et l’Arizona. Sentant que le vent tourne, la campagne Trump aurait même renoncé à un recomptage dans le Wisconsin et le Michigan, selon le correspondant de CNN à la Maison-Blanche Jim Acosta.

Donald Trump, qui a jusqu’à présent refusé de s’engager à une transmission pacifique du pouvoir en niant toute défaite et criant par avance à la fraude électorale, se trouve face à une des décisions les plus importantes de son mandat.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *