0 5 minutes 3 ans
Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme estime que « l’impact du Covid-19 a été dévastateur » sur ces maladies, les indicateurs étant en recul. Son rapport, publié mercredi, révèle que l’épidémie a gravement perturbé l’accès aux systèmes de santé et aux tests de dépistage.
L’épidémie de Covid-19 a eu un »?impact dévastateur » sur la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose, qui a connu un recul sans précédent, a déploré, mercredi 8 septembre, dans son rapport annuel le Fonds mondial de lutte contre ces maladies, un partenariat original entre États, société civile, secteur privé et malades.
Les chiffres de 2020 « confirment ce que nous redoutions au moment où le Covid-19 est apparu », a résumé Peter Sands, directeur exécutif du Fonds, cité dans le rapport.
Pour la première fois depuis sa création en 2002, le Fonds fait état de retours en arrière : il s’inquiète notamment de baisses significatives des services de dépistage et de prévention du VIH (le virus à l’origine du sida) pour les populations clés et vulnérables, et d’une forte diminution du nombre de personnes testées et traitées pour la tuberculose, avec un impact particulier sur les programmes de lutte contre la tuberculose résistante aux médicaments.
La pandémie a notamment eu des conséquences « catastrophiques » dans la lutte contre la tuberculose. En 2020, le nombre de personnes traitées pour une tuberculose résistante aux médicaments a baissé de 19 %. Dans les pays où le Fonds mondial investit, quelque 4,7 millions de personnes atteintes par la maladie ont reçu un traitement, soit environ un million de moins qu’en 2019.
Recul de la prévention et du dépistage du VIH
Sur le front de la lutte contre le VIH, l’impact du Covid-19 est également significatif. Si le nombre de personnes positives recevant un traitement antirétroviral a continué d’augmenter, de 9 % en 2020, le rapport fait état d’un recul « alarmant » des services de prévention et de dépistage auprès des personnes clés et vulnérables.
Le nombre de personnes touchées par des programmes de prévention du sida a diminué de 11 % en 2020, de 12 % auprès des plus jeunes populations. Le nombre de traitements administrés aux mères pour empêcher leur bébé de contracter le virus a, lui, baissé de 4,5 %.
Le dépistage du sida a globalement fléchi de 22 %, retardant le début des traitements dans la plupart des pays.
Dans les pays où le Fonds mondial investit, 21,9 millions de personnes étaient sous traitement antirétroviral contre le VIH en 2020, une hausse de 8,8 % par rapport à 2019.
Des innovations dues à la pandémie
Jusqu’à présent, les programmes de lutte contre le paludisme semblent avoir été moins affectés par le Covid-19, poursuit le rapport.
Le nombre de moustiquaires distribuées a notamment continué de croître, de 17 % en 2020. En effet, dans un certain nombre de pays, les volontaires engagés dans la lutte contre la maladie ont délaissé les distributions dans les grands centres, incompatibles avec la pandémie, au profit du porte-à-porte.
Pour autant, le nombre de dépistages de personnes soupçonnées d’avoir le paludisme a baissé de 4,3 % en 2020. Et les progrès pour endiguer la maladie ont stagné, déplore le Fonds.
La pandémie de Covid-19 a fait la lumière sur l’ »importance cruciale » des systèmes de santé dans le monde, souligne le Fonds.
Quelques lueurs d’espoir cependant : la pandémie a été à l’origine d’un certain nombre d’innovations dont a profité la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Au Nigeria par exemple, l’agence nationale de contrôle du sida a opportunément procédé à des dépistages VIH sur des personnes qui se déplaçaient dans les centres médicaux pour des tests Covid, relate le Fonds. Résultat : les détections de personnes positives ont augmenté.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *