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Les services de renseignement turcs ont arrêté à l’étranger le neveu du prédicateur Fethullah Gülen, ennemi juré du président Recep Tayyip Erdogan, ont rapporté des médias locaux lundi. Selon son épouse, l’homme aurait été « capturé » au Kenya.

Les services de renseignement turcs ont interpellé à l’étranger et rapatrié Selahaddin Gülen, un neveu du prédicateur Fethullah Gülen, bête noire du président Recep Tayyip Erdogan, ont rapporté lundi 31 mai des médias. Selon l’épouse de Selahaddin Gülen, ce dernier aurait été « capturé » au Kenya.

Selahaddin Gülen a été ramené en Turquie par des agents de l’Organisation nationale du renseignement (MIT) après avoir été arrêté à l’étranger, a rapporté l’agence de presse étatique Anadolu, sans préciser dans quel pays.

Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux le 20 mai, son épouse avait affirmé qu’ils vivaient tous les deux au Kenya et qu’elle était sans nouvelles depuis le 3 mai de son mari, qui enseignait dans une école à Nairobi.

Des personnes et médias liés au mouvement de Fethullah Gülen ont eux aussi déclaré sur les réseaux sociaux que Selahaddin Gülen avait été « kidnappé » au Kenya, et lancé une campagne appelant à sa libération.

Selahaddin Gülen est accusé par les autorités turques d’appartenir à l' »organisation terroriste Fetö », un acronyme qu’Ankara utilise pour désigner le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen.

Recep Tayyip Erdogan, qui était autrefois allié à Fethullah Gülen, le décrit aujourd’hui comme un « chef terroriste » et l’accuse d’avoir ourdi contre lui une tentative de coup d’État en juillet 2016.

Le prédicateur, qui réside aux États-Unis, affirme être à la tête d’un réseau pacifique d’ONG et d’entreprises et nie toute implication dans la tentative de putsch.

Des purges sans précédent

Depuis le putsch manqué, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées et plus de 140 000 limogées ou suspendues de leurs fonctions dans le cadre de purges d’une ampleur sans précédent dans l’histoire de la Turquie.

Ankara traque également les membres présumés du réseau de Fethullah Gülen à l’étranger et affirme avoir « rapatrié » plusieurs dizaines de personnes depuis 2016, quitte à susciter des remous.

En 2018, l’enlèvement au Kosovo par des agents du MIT de six ressortissants turcs accusés de liens avec Fethullah Gülen avait provoqué une crise politique dans ce pays et conduit au limogeage du ministre de l’Intérieur et du chef du renseignement.

Par ailleurs, Ankara fait pression sur de nombreux pays, notamment des Balkans, d’Asie centrale et d’Afrique, pour qu’ils ferment les écoles liées au mouvement « guléniste ». Le Kenya avait refusé en 2016 de fermer six établissements malgré l’insistance d’Ankara.

Il n’était pas clair dans l’immédiat si la « capture » de Selahaddin Gülen s’est faite avec l’accord des autorités kényanes.

En 1999, le Kenya avait été le théâtre d’une spectaculaire opération des services turcs, qui y avaient arrêté le dirigeant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) Abdullah Öcalan, aujourd’hui emprisonné en Turquie.

« Nous allons bientôt annoncer la capture d’un membre très important de Fetö. Il est entre nos mains », avait déclaré Recep Tayyip Erdogan le 19 mai, vraisemblablement en référence à Selahaddin Gülen.

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