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Fondé en 1902 par Barka Sanokho et un petit nombre de Bambaras venus du Mali, le village de Malicounda Bambara dans la commune de Malicounda, sur la Petite côte, fait partie d’un ensemble de localités dont la population est originaire du Mali. Une zone où l’excision existe de façon endémique. Toutefois, aujourd’hui, les mentalités ont bien changé. Les familles ont fini par abandonner cette coutume grâce aux campagnes de sensibilisation, d’éducation et de prise de conscience sur les droits humains animées par certaines organisations surtout non gouvernementales.
 
Malicounda ! Une agglomération séculaire multiethnique nichée entre la localité de Ngandigal et la station balnéaire de Saly Portudal sur la Petite Côte dans l’arrondissement de Sindia, département de Mbour (région de Thiès). Elle serait fondée dans les années 1901 par les nommés Samba Bâ et Karfa Traoré. Deux cultivateurs d’arachide qui avaient quitté leur Mali natal à la recherche de terres fertiles. Des sols féconds qui, plus tard, attirèrent des hordes de travailleurs saisonniers appelés « Firdous », pour la plupart venus du Mali et de l’actuel Burkina Faso et qui rentraient après les récoltes. Parmi eux, beaucoup décidèrent, au fil des ans, de rester et finirent par se sédentariser.
 
Ces ressortissants maliens dont les descendants, nés à Malicounda, deviendront des Sénégalais à part entière. Ils seront rejoints par des parents et d’autres groupes venus de certaines localités du Sénégal, des autochtones qui sont Sérères, Wolofs et Toucouleurs. C’est pourquoi, il y a trois Malicounda. Celui Bambara, Sérère et Wolof. Pour autant, les populations de ces trois villages constituent un parfait melting-pot grâce aux mariages interethniques qui y sont légion. L’origine du nom de Malicounda renvoie dans l’imaginaire populaire à une marque Bambara du Mali. Toutefois, des dignitaires de Malicounda Sérère soutiennent le contraire. Ils expliquent que ce nom est d’origine sérère. Malicounda venant du mot sérère « Mal » qui signifie « herbes sauvages, spontanées » et de « Koundal », un lieu habité par les « djinns ». « Lorsque les colons sont venus demander le nom du village, les populations autochtones leur ont répondu « Mal-Kounda ». Mais une erreur de transcription a fait écrire aux Blancs « Malicounda ». Et depuis lors, le nom est resté », racontent les sages.
 
Barka Sanokho fonda le village de Malicounda Bambara en 1902
 
Le village de Malicounda Bambara dans la commune du même nom fut fondé en 1902 par Barka Sanokho et un petit nombre de Bambaras venus du Mali. Ceci, après un bref séjour à Saly Portudal. En 1903, ce fut l’arrivée de Samba Ba et des Peuls firdous originaires de la Casamance. Puis une vague massive de Bambaras arrivèrent à la recherche de terres fertiles pour la culture de l’arachide. Malicounda Bambara devint ainsi un grand village et fut divisé en trois quartiers. KarfaBougou, dirigé par Karfa Sidibé, Binabougou, dirigé par Bounama Diarrisso, et Barka Bougou, dirigé par Barka Sanokho.
 
Barkarbougou, très vaste, fut divisé en trois sous-quartiers : Dioulacounda (le quartier des commerçants), Nioroncounda (les habitants de Nioro) et Khaidacounda (le quartier du marabout Fodé Bocar Doucouré). Barka Sanokho fut ainsi le premier chef du village et à sa mort, en 1904, Samba Diarra lui succéda jusqu’à 1905. À la mort de ce dernier, furent élus successivement : Mamadou Ba (1905-1930), Toubey Sow (1930-1962), Kao Ba (1962-1988), Cheikh Amala Sow (1989-2006), puis Samba Sow etc., Avec une population jeune et active, musulmane, constituée en majorité de Tidjanes ayant comme guide spirituel Cheikh Amala, ainsi que des fidèles de Cheikh Bouh Kounta de Ndiassane, la jeunesse exerce tous les corps de métier et s’est engagée pour le développement de sa localité. Aujourd’hui beaucoup de jeunes ont abandonné la culture de la terre au profit d’un travail salarié dans les hôtels de Saly ou à Dakar. D’autres rêvent d’émigrer comme leurs aînés pour revenir construire de belles maisons.
 
Malicounda Bambara dit non à l’excision
 
« Quel que soit le prix à payer, il n’est pas question de revenir en arrière. Pour nous, l’excision appartient déjà au passé ». Un serment prêté en juillet 1997 par les femmes de Malicounda. Ce, suite à une prise de conscience de leurs droits et, surtout, des dangers d’une pratique qui relève de la tradition et des tabous. Fatou Cissoko, Khady Bèye et leur bande parlent le « bambara », une des langues mandingues. Les Bambaras (bambara : Bamanan ; pluriel, Bamananw, Bamana ou Banmana) sont une ethnie d’Afrique de l’Ouest faisant partie du groupe mandingue, établis principalement dans le Sud de l’actuel Mali dans la région de Ségou et Koulikoro. Ainsi que dans d’autres pays tels que le Burkina Faso (au sud) et la Côte d’Ivoire (au nord).
 
Ces jeunes filles avouent que les mutilations génitales féminines désignent l’ablation totale ou partielle des organes génitaux féminins externes. Une pratique généralement réalisée par un exciseur traditionnel avec un couteau ou une lame de rasoir avec ou sans anesthésie. Maïmouna Traoré, la maman d’une d’elles, dit connaitre aujourd’hui ses droits. Elle sait que son corps lui appartient. Aussi, elle ne souhaiterait jamais imposer à ses enfants les mutilations qu’elle a subies. « En juillet 1997, bravant les interdits de la tradition, les femmes de Malicounda se sont dressées pour dire non aux mutilations sexuelles féminines dont sont victimes les filles de certaines ethnies », révèle-t-elle. Et ceci à la suite d’un programme de sensibilisation sur les risques de ces pratiques et sur le droit des femmes mené par l’organisation internationale Tostan avec le soutien de l’Unicef, de l’ONG américaine American Jewish World Service (AJWS) et du gouvernement sénégalais. Depuis, le « serment de Malicounda » s’est propagé comme un feu de brousse dans les villages des environs.
 
L’histoire racontée de Doussou Konaté et de sa fille adoptive
 
« Dans ce village faisant partie d’un ensemble de localités bambaras établies dans une zone où l’excision existe de façon endémique, les mentalités ont donc aujourd’hui bien changé. Des familles ont fini par abandonner cette coutume qui, dépouillée de ses alibis mythologiques et rituels, n’a plus d’autre justification que la volonté brutale de contrôler la virginité des filles et la sexualité des femmes en les mutilant », explique une vieille dame Bambara. Elle se rappelle qu’à l’époque, l’excision était tellement ancrée dans les mœurs que ceux qui tentaient d’y soustraire leurs enfants s’exposaient à voir une tante ou une grand-mère emmener de force l’enfant chez l’exciseuse.
 
De même, lorsqu’un Bambara avait pris femme dans une communauté aux mœurs différentes, ses parents faisaient tout pour que leur belle-fille se fasse exciser. En atteste, l’histoire de Doussou Konaté et de sa fille adoptive. Laquelle illustre la force de la tradition et du conformisme social. « Sa famille ne pratiquait pas l’excision et il avait décidé de ne pas imposer cette épreuve à sa fille. Mais, vers l’âge de dix ans, celle-ci a commencé à être l’objet de moqueries de la part des enfants de son âge. Un garçon l’a traitée publiquement d’impure. On lui a dit qu’elle ne trouverait jamais de mari. Pendant des mois, elle n’a cessé de pleurer. Elle suppliait son père de la faire exciser pour être comme les autres. Doussou a fini par céder. Du jour au lendemain, sa fille a retrouvé sa place dans la communauté. Et à un peu moins de dix-huit ans, elle s’est mariée ».
 
Cependant c’est dans le village

Fondé en 1902 par Barka Sanokho et un petit nombre de Bambaras venus du Mali, le village de Malicounda Bambara dans la commune de Malicounda, sur la Petite côte, fait partie d’un ensemble de localités dont la population est originaire du Mali. Une zone où l’excision existe de façon endémique. Toutefois, aujourd’hui, les mentalités ont bien changé. Les familles ont fini par abandonner cette coutume grâce aux campagnes de sensibilisation, d’éducation et de prise de conscience sur les droits humains animées par certaines organisations surtout non gouvernementales.
 
Malicounda ! Une agglomération séculaire multiethnique nichée entre la localité de Ngandigal et la station balnéaire de Saly Portudal sur la Petite Côte dans l’arrondissement de Sindia, département de Mbour (région de Thiès). Elle serait fondée dans les années 1901 par les nommés Samba Bâ et Karfa Traoré. Deux cultivateurs d’arachide qui avaient quitté leur Mali natal à la recherche de terres fertiles. Des sols féconds qui, plus tard, attirèrent des hordes de travailleurs saisonniers appelés « Firdous », pour la plupart venus du Mali et de l’actuel Burkina Faso et qui rentraient après les récoltes. Parmi eux, beaucoup décidèrent, au fil des ans, de rester et finirent par se sédentariser.
 
Ces ressortissants maliens dont les descendants, nés à Malicounda, deviendront des Sénégalais à part entière. Ils seront rejoints par des parents et d’autres groupes venus de certaines localités du Sénégal, des autochtones qui sont Sérères, Wolofs et Toucouleurs. C’est pourquoi, il y a trois Malicounda. Celui Bambara, Sérère et Wolof. Pour autant, les populations de ces trois villages constituent un parfait melting-pot grâce aux mariages interethniques qui y sont légion. L’origine du nom de Malicounda renvoie dans l’imaginaire populaire à une marque Bambara du Mali. Toutefois, des dignitaires de Malicounda Sérère soutiennent le contraire. Ils expliquent que ce nom est d’origine sérère. Malicounda venant du mot sérère « Mal » qui signifie « herbes sauvages, spontanées » et de « Koundal », un lieu habité par les « djinns ». « Lorsque les colons sont venus demander le nom du village, les populations autochtones leur ont répondu « Mal-Kounda ». Mais une erreur de transcription a fait écrire aux Blancs « Malicounda ». Et depuis lors, le nom est resté », racontent les sages.
 
Barka Sanokho fonda le village de Malicounda Bambara en 1902
 
Le village de Malicounda Bambara dans la commune du même nom fut fondé en 1902 par Barka Sanokho et un petit nombre de Bambaras venus du Mali. Ceci, après un bref séjour à Saly Portudal. En 1903, ce fut l’arrivée de Samba Ba et des Peuls firdous originaires de la Casamance. Puis une vague massive de Bambaras arrivèrent à la recherche de terres fertiles pour la culture de l’arachide. Malicounda Bambara devint ainsi un grand village et fut divisé en trois quartiers. KarfaBougou, dirigé par Karfa Sidibé, Binabougou, dirigé par Bounama Diarrisso, et Barka Bougou, dirigé par Barka Sanokho.
 
Barkarbougou, très vaste, fut divisé en trois sous-quartiers : Dioulacounda (le quartier des commerçants), Nioroncounda (les habitants de Nioro) et Khaidacounda (le quartier du marabout Fodé Bocar Doucouré). Barka Sanokho fut ainsi le premier chef du village et à sa mort, en 1904, Samba Diarra lui succéda jusqu’à 1905. À la mort de ce dernier, furent élus successivement : Mamadou Ba (1905-1930), Toubey Sow (1930-1962), Kao Ba (1962-1988), Cheikh Amala Sow (1989-2006), puis Samba Sow etc., Avec une population jeune et active, musulmane, constituée en majorité de Tidjanes ayant comme guide spirituel Cheikh Amala, ainsi que des fidèles de Cheikh Bouh Kounta de Ndiassane, la jeunesse exerce tous les corps de métier et s’est engagée pour le développement de sa localité. Aujourd’hui beaucoup de jeunes ont abandonné la culture de la terre au profit d’un travail salarié dans les hôtels de Saly ou à Dakar. D’autres rêvent d’émigrer comme leurs aînés pour revenir construire de belles maisons.
 
Malicounda Bambara dit non à l’excision
 
« Quel que soit le prix à payer, il n’est pas question de revenir en arrière. Pour nous, l’excision appartient déjà au passé ». Un serment prêté en juillet 1997 par les femmes de Malicounda. Ce, suite à une prise de conscience de leurs droits et, surtout, des dangers d’une pratique qui relève de la tradition et des tabous. Fatou Cissoko, Khady Bèye et leur bande parlent le « bambara », une des langues mandingues. Les Bambaras (bambara : Bamanan ; pluriel, Bamananw, Bamana ou Banmana) sont une ethnie d’Afrique de l’Ouest faisant partie du groupe mandingue, établis principalement dans le Sud de l’actuel Mali dans la région de Ségou et Koulikoro. Ainsi que dans d’autres pays tels que le Burkina Faso (au sud) et la Côte d’Ivoire (au nord).
 
Ces jeunes filles avouent que les mutilations génitales féminines désignent l’ablation totale ou partielle des organes génitaux féminins externes. Une pratique généralement réalisée par un exciseur traditionnel avec un couteau ou une lame de rasoir avec ou sans anesthésie. Maïmouna Traoré, la maman d’une d’elles, dit connaitre aujourd’hui ses droits. Elle sait que son corps lui appartient. Aussi, elle ne souhaiterait jamais imposer à ses enfants les mutilations qu’elle a subies. « En juillet 1997, bravant les interdits de la tradition, les femmes de Malicounda se sont dressées pour dire non aux mutilations sexuelles féminines dont sont victimes les filles de certaines ethnies », révèle-t-elle. Et ceci à la suite d’un programme de sensibilisation sur les risques de ces pratiques et sur le droit des femmes mené par l’organisation internationale Tostan avec le soutien de l’Unicef, de l’ONG américaine American Jewish World Service (AJWS) et du gouvernement sénégalais. Depuis, le « serment de Malicounda » s’est propagé comme un feu de brousse dans les villages des environs.
 
L’histoire racontée de Doussou Konaté et de sa fille adoptive
 
« Dans ce village faisant partie d’un ensemble de localités bambaras établies dans une zone où l’excision existe de façon endémique, les mentalités ont donc aujourd’hui bien changé. Des familles ont fini par abandonner cette coutume qui, dépouillée de ses alibis mythologiques et rituels, n’a plus d’autre justification que la volonté brutale de contrôler la virginité des filles et la sexualité des femmes en les mutilant », explique une vieille dame Bambara. Elle se rappelle qu’à l’époque, l’excision était tellement ancrée dans les mœurs que ceux qui tentaient d’y soustraire leurs enfants s’exposaient à voir une tante ou une grand-mère emmener de force l’enfant chez l’exciseuse.
 
De même, lorsqu’un Bambara avait pris femme dans une communauté aux mœurs différentes, ses parents faisaient tout pour que leur belle-fille se fasse exciser. En atteste, l’histoire de Doussou Konaté et de sa fille adoptive. Laquelle illustre la force de la tradition et du conformisme social. « Sa famille ne pratiquait pas l’excision et il avait décidé de ne pas imposer cette épreuve à sa fille. Mais, vers l’âge de dix ans, celle-ci a commencé à être l’objet de moqueries de la part des enfants de son âge. Un garçon l’a traitée publiquement d’impure. On lui a dit qu’elle ne trouverait jamais de mari. Pendant des mois, elle n’a cessé de pleurer. Elle suppliait son père de la faire exciser pour être comme les autres. Doussou a fini par céder. Du jour au lendemain, sa fille a retrouvé sa place dans la communauté. Et à un peu moins de dix-huit ans, elle s’est mariée ».
 
Cependant c’est dans le village de Malicounda Bambara qu’est partie, le 31 juillet 1997, la célèbre déclaration publique pour l’abandon de l’excision. Elles étaient 35 femmes à avoir osé mettre un terme à cette pratique traditionnelle africaine. Aujourd’hui, elles sont plusieurs centaines de femmes qui viennent de plus de 3000 villages du Sénégal. Elles débarquent également du Mali, de la Guinée et même de la Mauritanie. Et outre l’aspect festif, elles ont réussi à lancer une campagne pour l’abandon total de l’excision au Sénégal avec comme objectif d’obtenir une réduction de cette pratique sur l’ensemble du continent africain.

de Malicounda Bambara qu’est partie, le 31 juillet 1997, la célèbre déclaration publique pour l’abandon de l’excision. Elles étaient 35 femmes à avoir osé mettre un terme à cette pratique traditionnelle africaine. Aujourd’hui, elles sont plusieurs centaines de femmes qui viennent de plus de 3000 villages du Sénégal. Elles débarquent également du Mali, de la Guinée et même de la Mauritanie. Et outre l’aspect festif, elles ont réussi à lancer une campagne pour l’abandon total de l’excision au Sénégal avec comme objectif d’obtenir une réduction de cette pratique sur l’ensemble du continent africain.

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