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Avant même de savoir s’il est élu à la Maison-Blanche, Joe Biden a promis que les États-Unis, sortis effectivement, mercredi 4 novembre, de l’accord de Paris sur le climat, rejoindront le traité international au début de son éventuel mandat de président.

« Aujourd’hui, le gouvernement Trump a officiellement quitté l’accord de Paris sur le climat. Et dans exactement 77 jours, un gouvernement Biden le rejoindra », a-t-il tweeté. Une réélection de Donald Trump et le pays ferait en revanche cavalier seul pour au moins quatre années supplémentaires.

Biden a présenté un plan de 1 700 milliards de dollars

À l’issue de l’élection présidentielle mardi, le dépouillement des votes se poursuit dans plusieurs États et aucun des deux candidats n’a encore été déclaré vainqueur. Joe Biden a présenté un plan de 1 700 milliards de dollars afin que les États-Unis atteignent d’ici 2050 la neutralité carbone.

Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, le président républicain a de son côté défendu l’industrie des énergies fossiles, mis en doute les scientifiques sur le changement climatique et détricoté plusieurs garde-fous environnementaux.

Les États-Unis devraient notifier à l’ONU leur volonté de revenir dans l’accord

Si Donald Trump venait à obtenir un second mandat, la lutte pour le climat passera par les États, les municipalités et les entreprises, dont les initiatives, même sans l’appui du gouvernement fédéral, pourraient permettre aux États-Unis de réduire leurs émissions carbone de 37 % d’ici 2030, selon un récent rapport du groupe America’s Pledge. En cas de victoire de Joe Biden, les États-Unis devront officiellement notifier à l’ONU leur volonté de revenir dans l’accord de Paris.

« Il y a une coalition de plus en plus grande de pays en faveur d’une neutralité carbone d’ici la moitié du siècle », a relevé mercredi le porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric, en citant les engagements récents de la Corée du Sud et du Japon. « Notre soutien, notre croyance dans un accord de Paris appliqué activement reste inchangé », a-t-il ajouté.

Les États-Unis seront laissés « à l’écart des échanges »

Notifier l’ONU sera « la partie facile », confie à l’Agence France-Presse Andrew Light, conseiller environnemental de l’ancien président démocrate Barack Obama, soulignant que la première puissance mondiale sera laissée « à l’écart des échanges » lorsque le Royaume-Uni accueillera le 12 décembre la conférence internationale sur le climat COP26.

L’un des objectifs de l’accord de Paris, signé en décembre 2015 par 195 pays, est de contenir la hausse des températures à 1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle. Et selon le chercheur néerlandais Niklas Höhne, membre du groupe Climate Action Tracker, « le plan climatique de Biden pourrait permettre à lui seul de réduire la hausse des températures de l’ordre de 0,1 °C ». « La politique climatique internationale se jouera à quitte ou double sur cette élection », a-t-il estimé sur Twitter. « Chaque dixième de degré compte. »

La crédibilité des États-Unis remise en cause ?

Des défenseurs de l’environnement estiment que certains pays, comme l’Australie, l’Arabie saoudite ou le Brésil, ont profité de l’annonce du retrait américain de l’accord de Paris pour revoir à la baisse leurs propres ambitions. Et même si les États-Unis étaient amenés à reprendre rapidement le train en marche, leur crédibilité pourrait être remise en cause. Ils comptaient après tout parmi les architectes de l’accord de Kyoto, qu’ils n’ont finalement jamais ratifié.

D’où la nécessité, pour Andrew Light, d’engager une politique climatique suffisamment ambitieuse et durable pour qu’une future administration républicaine ne puisse pas faire machine arrière. « Des études montrent que la question climatique dépasse auprès du grand public le clivage entre républicains et démocrates », avance l’ancien conseiller de Barack Obama.

L’essor de la fracturation hydraulique

Quelques signes laissent déjà augurer aux États-Unis, même si la route est encore longue, du ralentissement des combustibles fossiles au profit des énergies renouvelables. Malgré les efforts de Donald Trump pour relancer l’industrie, davantage de centrales à charbon ont fermé sous sa présidence qu’au cours du second mandat de son prédécesseur Barack Obama. Et, lois du marché obligent, la production et la consommation d’énergies renouvelables ont battu des records dans le pays en 2019.

Le gaz naturel compte toujours malgré tout pour plus d’un tiers de la production énergétique américaine avec l’essor de la fracturation hydraulique. Cette méthode d’extraction au lourd coût environnemental est devenue l’un des enjeux de la campagne présidentielle, notamment dans l’État clé de Pennsylvanie, où de nombreux emplois en dépendent. Joe Biden, pris en étau entre pragmatisme politique et ambitions écologiques, dit voir dans le gaz naturel un « pont » vers les énergies renouvelables et s’est engagé à ne pas interdire complètement la fracturation hydraulique.

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