0 9 minutes 2 ans

La sexualité précoce, la multiplicité des partenaires, le tabagisme, l’abus de l’alcool, les infections vaginales sont mis en cause dans la survenue du cancer du col de l’utérus. C’est l’analyse réalisée par l’oncologue, Dr Fatma Guenoune; par ailleurs présidente de la Ligue Sénégalaise contre le cancer ( Lisca). Elle avance que 80 % des femmes ont été infectées au moins une fois dans leur vie par le papillomavirus humain, un virus qui provoque le cancer du col de l’utérus. C’est pour cela qu’elle a vivement recommandé la vaccination des filles âgées de 9 à 14 ans. Surtout que certains pays ont déjà commencé à  vacciner des garçons. La praticienne a aussi insisté sur la culture du dépistage des femmes âgées de 25 ans à 65 ans. 

Quels sont les premiers symptômes qui montrent qu’une femme est atteinte de cancer du col de l’utérus ?

Cette maladie peut être asymptomatique. Dans quelques cas, des douleurs ou des saignements irréguliers peuvent apparaître. Les symptômes du cancer du col de l’utérus à un stade précoce sont les suivants : Métrorragies irrégulières ou saignements légers entre les règles chez les femmes en âge de procréer. Les métrorragies ou saignements après la ménopause. Saignements après les rapports sexuels ; et pertes vaginales accrues, parfois malodorantes. Lorsque le cancer du col de l’utérus progresse, des symptômes plus graves peuvent se manifester, à savoir des douleurs persistantes dans le dos, les jambes ou le bassin. Une perte de poids, de la fatigue, une perte d’appétit. Des pertes vaginales malodorantes et une gêne au niveau du vagin ; et un œdème sur une jambe ou les deux. D’autres symptômes graves peuvent se manifester à des stades avancés en fonction des organes touchés par le cancer.

“Le cancer du col de l’utérus est principalement dû à une infection persistante, d’une durée de 10 à 15 ans, par des virus appelés papillomavirus humain”

Quels facteurs  peuvent être à l’origine de cette maladie?

Le cancer du col de l’utérus est principalement dû à une infection persistante, d’une durée de 10 à 15 ans, par des virus appelés papillomavirus humains (virus du papillome humain ou HPV, abréviation de huma papillomavirus) à haut risque et transmis par voie sexuelle. L’infection par un virus HPV est l’infection sexuelle transmissible la plus fréquente dans le monde (80% des femmes sont infectées au moins une fois dans leur vie). Elle guérit le plus souvent spontanément. Mais dans 10 % des cas, le virus persiste au niveau de la muqueuse du col utérin et peut alors provoquer des modifications de l’épithélium appelées lésions précancéreuses, susceptibles d’évoluer vers un cancer. 

“Il existe plusieurs  facteurs qui augmentent le risque de développer un jour un cancer du col de l’utérus notamment la précocité des rapports sexuels, la multiplicité des partenaires sexuels, le tabagisme”

Les papillomavirus appartiennent à une famille comprenant de nombreux types de virus. Il existe 12 génotypes de HPV, dits à haut risque mis en cause dans la survenue d’un cancer du col de l’utérus (un 13e génotype est suspecté). Les virus qui sont le plus responsables sont les HPV de type 16 et 18, présents dans plus de 70% des cas de cancer du col de l’utérus. La transmission du virus se fait par contact avec la peau et les muqueuses, le plus souvent lors de rapports sexuels, avec ou sans pénétration. C’est pourquoi le préservatif, s’il permet de limiter le contact avec le virus, ne peut toutefois pas assurer une protection complète. Il existe plusieurs autres facteurs qui augmentent le risque de développer un jour un cancer du col de l’utérus notamment la précocité des rapports sexuels, la multiplicité des partenaires sexuels, le tabagisme. A cela, il faut ajouter être porteur du virus VIH ou être sous traitement immunosuppresseur, le fait d’avoir eu plusieurs enfants (multiparité), l’utilisation prolongée de contraceptifs hormonaux, certaines infections sexuellement transmissibles (chlamydiose ou herpès génital).

Quelle est la prévalence du cancer du col de l’utérus au Sénégal ?

Au Sénégal, le cancer du col de l’utérus est le premier cancer le plus fréquent chez les femmes, avec environ 1937 nouveaux cas et 1312 décès en 2020. La Ligue sénégalaise contre le cancer a formé 1630 sages-femmes d’Etat aux techniques de dépistage et au traitement des lésions précancéreuses du col utérin. Le dépistage est effectué chez des femmes qui ne présentent aucun symptôme et qui peuvent se sentir en parfaite santé. Le dépistage permet de détecter une infection à PVH ou des lésions précancéreuses, celles-ci peuvent facilement être traitées et le cancer peut être évité. Le dépistage peut également détecter le cancer à un stade précoce. Dans ce cas, on a plus de chance de guérir de la maladie. Si un traitement des lésions précancéreuses est nécessaire et que les critères permettant d’en bénéficier sont remplis, le traitement recommandé est la cryothérapie ou l’ablation thermique. Les deux traitements sont tout aussi efficaces et sûrs et peuvent être effectués en ambulatoire.

“Le vaccin ne protège pas contre toutes les infections à papillomavirus. C’est pourquoi il est nécessaire, chez les femmes de 25 à 65 ans, même si elles sont vaccinées, de faire des frottis de dépistage

 Comment se passe la prise en charge ?

Lorsqu’une femme présente des symptômes de cancer du col de l’utérus ou en cas de suspicion de cette maladie, elle doit être orientée vers un établissement adapté pour que des analyses plus poussées soient menées. C’est à partir de ce moment  qu’on peut bénéficier  d’un diagnostic et démarrer un traitement. Un examen histopathologique permet de poser le diagnostic du cancer du col de l’utérus. Le stade est déterminé en fonction de la taille de la tumeur et de la propagation de la maladie. Le plan de traitement dépend du stade de la maladie et plusieurs options sont envisageables : chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie. Les soins palliatifs constituent également un élément essentiel de la prise en charge du cancer afin de soulager les douleurs et les souffrances inutiles causées par la maladie.

Quels conseils donnez-vous aux femmes pour prévenir cette maladie ?

Il faut réduire les facteurs de risques de cancers (précocité des rapports sexuels, tabac, alcool, partenaires multiples, les infections génitales). Il est aussi nécessaire de prévenir l’infection à papillomavirus humain par la vaccination. La vaccination contre les papillomavirus humains est capitale pour prévenir le cancer du col de l’utérus. Cependant, le vaccin ne protège pas contre toutes les infections à papillomavirus. C’est pourquoi il est nécessaire, chez les femmes de 25 à 65 ans, même si elles sont vaccinées, de faire des frottis de dépistage selon des modalités qui dépendent de l’âge. Par conséquent, pour prévenir le cancer du col de l’utérus, l’OMS recommande de vacciner les filles âgées de 9 à 14 ans, alors que la plupart n’ont pas encore d’activité sexuelle. Certains pays ont commencé à vacciner les garçons, car la vaccination prévient également les cancers liés au PVH chez les hommes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *