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Le président d’Haïti, Jovenel Moïse, a été assassiné dans la nuit du 6 au 7 juillet dans sa résidence privée du quartier Pèlerin 5 à Pétionville. Dans une vidéo amateur diffusée le 7 juillet au matin, on distingue plusieurs hommes armés à proximité de son domicile. Selon un témoin habitant à environ 300 mètres de cet endroit, les coups de feu ont commencé un peu après minuit et se sont poursuivis jusqu’à 2 h du matin.

La vidéo dure 27 secondes et montre cinq hommes armés éclairer à l’aide d’une lampe torche une route et s’avancer lentement vers la grille d’entrée d’une résidence.

L’un d’eux porte une arme ressemblant fortement à un fusil d’assaut de type AK 47.

Capture d'écran de la vidéo, zoom réalisé par la rédaction des Observateurs de France 24.
Capture d’écran de la vidéo, zoom réalisé par la rédaction des Observateurs de France 24.  © Twitter

On distingue la voix de deux hommes, semblant situés à proximité de la caméra qui filme. Ils disent en français : « C’est parti ».

Les dernières secondes de cette vidéo permettent de confirmer qu’elle a bien été filmée à proximité de la résidence de Jovenel Moïse. En effet, on distingue un graffiti dessiné sur un mur. Sans qu’on en distingue immédiatement le sens, on devine les mots « team » et « jove… ».

On retrouve la trace de ce graffiti et de celui à sa gauche, moins lisible, dans des vidéos documentant diverses manifestations organisées par le passé devant le domicile du président Jovenel Moïse, situé dans le bas du quartier Pèlerin 5 à Pétionville, à quelques dizaines de mètres d’un poste de police.

À gauche, une capture d'écran de la vidéo sur laquelle on distingue plusieurs groupes de lettres et, à droite, les mêmes lettres visibles dans une vidéo filmée en juin 2020 à l'occasion d'une manifestation devant le domicile présidentiel.
À gauche, une capture d’écran de la vidéo sur laquelle on distingue plusieurs groupes de lettres et, à droite, les mêmes lettres visibles dans une vidéo filmée en juin 2020 à l’occasion d’une manifestation devant le domicile présidentiel.  © Twitter/YouTube

La vidéo seule ne permet pas de déterminer si ces hommes sont les assaillants ou les forces de police éventuellement déployées plus tard pour les arrêter.

Par ailleurs, aucune attaque armée n’a été répertoriée ces dernières années à proximité du domicile du président, élu en 2017.

Enfin, une voiture blanche, semblable à celle visible au centre de la vidéo, encerclée par les hommes armés, a été filmée le lendemain sur le site de l’attaque. Le véhicule était criblé de balles. Il semble donc probable que ces images illustrent bien l’attaque du domicile présidentiel dans la nuit 6 au 7 juillet 2021.

« Ça a duré environ deux heures »

Notre Observateur Niepce Zéphirin, habitant du quartier Pèlerin 5, vit à 300 mètres du domicile de Jovenel Moïse. Il a pu entendre ce qu’il s’est passé.

On a entendu beaucoup de détonations dès minuit ou minuit trente. Tout le monde à la maison était choqué. Je dirais que ça a duré environ deux heures. Depuis, nous sommes cloîtrés à la maison, nous ne savons pas du tout comment la situation va évoluer. J’ai juste vu passer des blindés de la police dans la rue.

À Haïti la situation politico-sociale est très tendue depuis plusieurs mois, la sortie sud de la capitale Port-au-Prince est bloquée par des gangs depuis environ un mois. Ces gangs gagnent du terrain et font régner le chaos, l’État s’est affaibli et je redoute que cet assassinat ne vienne encore aggraver la situation.

D’autres vidéos ont largement circulé ce mercredi. On y entend la voix d’un homme faisant des annonces au mégaphone, avec un accent américain, en anglais, mais aussi en espagnol. Il affirme qu’une « opération de la DEA » est en cours, faisant référence à l’agence fédérale américaine chargée de la lutte contre le trafic de drogues, et demande à « tout le monde de rester à couvert ». Ces vidéos sont trop sombres pour être géolocalisées. On entend dans l’une d’elle un coup de feu.

Les propos entendus dans cette vidéo faisant référence à la DEA ont également été rapportés par des témoins interrogés par le Guardian ou le Miami Herald et par notre Observateur :

On a aussi entendu des hommes parler au mégaphone, ils se sont identifiés comme des agents de la DEA. Personnellement je les ai entendus parler en anglais et en créole.

Selon une source gouvernementale anonyme, citée par le Miami Herald, les hommes ayant conduit cette opération seraient en fait des « mercenaires ».

Le Premier ministre sortant, Claude Joseph, a confirmé que les hommes qui ont attaqué la résidence parlaient « anglais et espagnol ». Haïti est gangrené par la violence que font régner divers gangs, dans une quasi-impunité. Le président Jovenel Moïse était très critiqué pour sa gestion de la crise sécuritaire.

La femme du président, Martine Moïse, a été blessée par balles lors de l’assaut et serait depuis soignée à l’hôpital.

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