DEPLACEMENTS FORCES, PAUVRETÉ, CRISE HUMANITAIRE, CROYANCES CULTURELLES ET SOCIALES
L’accès à la planification familiale en Afrique est un réel problème. Ainsi, en prélude à la journée mondiale de la contraception, le réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (Remapsen) en partenariat avec l’Unfpa a organisé un webinaire qui avait pour thème : Un choix pour tout le monde. La liberté de planifier, le pouvoir de choisir »
« Aucune femme ne doit mourir en donnant la vie, les grossesses doivent être un choix et non un hasard, et qu’il y ait zéro violence faite aux femmes. On ne peut pas le faire sans les médias, sans la communication », dit d’emblée Dr Sennen Hounton, Directeur du Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre du Fonds des Nations Unies pour la population (Unfpa). A l’en croire, au cours des dix dernières années, en moyenne, la prévalence contraceptive est passée de 13 % en 2015 à 24 % à 2024. Certains pays ont fait des bonds extraordinaires » indique Dr Sennen Hounton. A l’en croire, malgré les progrès notés, des défis demeurent surtout dans un contexte marqué par la raréfaction des ressources et les crises multiformes qui affectent la vie de nombreuses femmes qui, malheureusement, n’ont pas la possibilité de planifier la naissance de leurs enfants. « C’est une occasion pour sensibiliser sur l’importance de la planification familiale, l’accès à la contraception dans la réalisation de la santé, des droits sexuels et reproductifs », dit-il. Avant d’ajouter cette thématique met en lumière l’importance du droit de chaque individu à une prise de décision éclairée en ce qui concerne sa santé reproductive et son bien-être. Dr Sennen Hounton a aussi souligné l’urgence de renforcer les efforts pour garantir un accès plus large aux services de santé reproductive et à la contraception. En effet, les statistiques dressent un tableau préoccupant : « le taux de prévalence contraceptive reste bloqué à environ 18 %, bien en deçà des objectifs fixés. De nombreux pays de la région peinent à satisfaire la demande croissante de produits contraceptifs, souvent limitée par des ressources budgétaires insuffisantes. Le Burkina Faso, le Niger, le Mali et d’autres nations font face à des défis considérables, aggravés par une pauvreté persistante et des crises humanitaires récurrentes », affirme-t-il. Il faut noter que les projections démographiques, selon lui, sont tout aussi alarmantes. « Si les tendances actuelles se maintiennent, la population de la région pourrait doubler d’ici 2050, exacerbant les besoins en matière de santé et de services sociaux. Les pays de la sous-région doivent donc repenser de toute urgence leurs politiques de planification familiale pour faire face à ces défis et garantir un avenir meilleur à leurs populations ». Ainsi, pour remédier à cette situation, Dr Hountou est d’avis qu’il est essentiel d’investir dans l’éducation sexuelle et reproductive, de sensibiliser les communautés, et de renforcer les systèmes de santé. « La planification familiale ne devant plus être perçue comme un luxe, mais comme une nécessité vitale pour le développement durable de la région. Il est temps d’agir avec détermination pour relever ces défis et construire un avenir plus prospère et équitable pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre », soutient-il. 25% des besoins en financement ne sont pas couverts, précise-t-il, parce que les États font face à des crises humanitaires. « Nous avons, par exemple, près de 36 millions de personnes qui ont besoin d’assistance, de protection à cause des déplacements forcés dans notre sous-région, une pauvreté qui s’est accrue, des pays dont les dettes sont à des points critiques comme au début des années 2000 ». A cet effet, les besoins non satisfaits en matière de planification familiale (Bns) ont diminué 24 à 17 %, « il y a encore du chemin à faire pour que chaque femme qui en exprime le besoin puisse planifier convenablement ses grossesses. « En plus des crises humanitaires et des problèmes de financements, les croyances culturelles et sociales entravent l’accès des femmes à la planification familiale. Il y a des pays où parler de contraception est encore tabou », affirme Dr Hountou
20 pays sur 23 en Afrique de l’Ouest et du Centre achètent des produits contraceptifs »
Il s’est cependant réjoui du fait que vingt (20) pays sur 23 en Afrique de l’Ouest et du Centre prévoient des lignes budgétaires pour acheter les contraceptifs. « Quelques années auparavant ce n’était pas le cas dans ces deux zones du continent africain » . A cet effet, il a rappelé qu’actuellement plusieurs pays ont envisagé les mécanismes innovants de promotion des services et de l’accès gratuit aux produits dans le cadre de la planification familiale notamment au Burkina, au Mali, au Niger, en République centrafricaine.
Mame Diarra DIENG