« 54% de la population vivent dans un établissement humain à caractère urbain, la prochaine génération sera urbaine ».
La journée mondiale des villes a été célébrée hier et avait pour objectif de permettre à la communauté mondiale de mettre l’accent sur les défis en matière d’urbanisation. Selon la directrice de cabinet du secrétaire d’état à l’urbanisme et au logement, 54% de la population vivant dans un établissement humain à caractère urbain, la prochaine génération sera urbaine.
A l’instar de la communauté internationale, le Sénégal a célébré hier la journée mondiale des villes sous le thème : « Les jeunes acteurs du changement climatique et catalyseurs de l’action locale pour la durabilité urbaine ». Selon les statistiques élaborées par ONU-Habitat, les zones urbaines devraient accueillir 70% de la population mondiale d’ici 2050. On estime que 60% de la population mondiale vivra dans les villes d’ici 2030 et que jusqu’à 60% des citadins auront moins de 18 ans. « Au Sénégal, selon les résultats du 5º recensement général de la population et de l’habitat (RGPH-5) en 2023, 1 Sénégalais sur 2 a moins de 19 ans et 75% moins de 35 ans. La population sénégalaise est essentiellement jeune et majoritairement urbaine avec 54,7% de citadins. Cette proportion de population urbaine, selon UNDESA, pourrait atteindre 70% d’ici 2050. En chiffres absolus, cela signifie que la population urbaine sénégalaise pourrait doubler à peine 25 ans », indique-t-elle.
L’urbanisation en chiffre
L’ANSD montre également que près de la moitié de cette population est inactive (47,8 %), principalement les femmes (57,5%) et 37,6% chez les hommes. Même s’il est plus faible dans la métropole dakaroise qui cristallise presque l’essentiel des opportunités d’emplois au pays, le taux d’inactivité y est aussi important (44,4 %). Ce qui justifie l’importance du taux de chômage de 23,2% au pays (au sens large), en hausse par rapport à 2023 (21,5%).
En effet, les établissements urbains au Sénégal dans les prochaines décennies seront alors davantage confrontés à des défis démographiques, socio-économiques, spatiaux et sécuritaires qui seront amplifiés par le changement climatique. « Ces défis sont souvent plus prononcés en raison de l’urbanisation rapide, des infrastructures limitées et des ressources et capacités insuffisantes, surtout au niveau local. Les villes sénégalaises, surtout celles situées dans la partie Ouest, sont confrontées à de graves pénuries de logements », souligne t-elle. Dans les autres situées à l’intérieur du pays, selon elle, d’importants efforts restent à mener pour juguler les difficultés d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, la réduction des vulnérabilités et le renforcement de la résilience aux catastrophes liées au climat, notamment les inondations et l’avancée de la mer. « Les jeunes de ces régions sont particulièrement touchés par des taux de chômage élevés et des possibilités d’éducation limitées. Par conséquent, il s’agit de répondre aux besoins uniques et de tirer parti du potentiel des jeunes des pays du Sud, qui est crucial pour parvenir à un développement urbain durable et atténuer les impacts du changement climatique, entre autres défis ». Pour Fatou Bintou Camara Fall, le Sénégal, à l’instar de la plupart des pays d’Afrique au Sud du Sahara, est entré dans une phase historique de transition urbaine et démographique dont les manifestations et les conséquences sur les établissements humains et les villes sont rendues plus complexes par les impacts actuels des changements climatiques. « Trois défis se dressent ainsi devant nous, pour dire le moins. Il s’agit de la jeunesse, du développement urbain durable et de l’adaptation aux effets des changements climatiques », affirme-t-elle. Avant d’ajouter que les jeunes, composante essentielle du capital humain, ne sont pas et ne doivent pas être à la marge des politiques publiques mises en œuvre dans les villes. De nombreuses expériences et actions sont en train d’éclore, annonce-t-elle et de se développer dans les établissements humains urbains. « Ainsi, l’inclusion des jeunes dans la gouvernance territoriale est devenue un enjeu stratégique. Au regard des statistiques nationales avec près de 54% de la population vivant dans un établissement humain à caractère urbain, la prochaine génération sera urbaine » cependant, elle est d’avis que l’avenir du Sénégal se construira dans les villes. « Il relève alors de notre responsabilité historique de faire qu’elle soit des espaces de vie ouverts, inclusifs, résilients, sûrs et productifs. Des espaces où les jeunes ont un rôle essentiel à jouer ».
Mame Diarra DIENG