Echanger sur les enjeux, défis de la zone côtière dans un contexte de changement climatique et renforcer la synergie d’action autour du concept de gestion intégrée des zones côtières tel est l’objectif de la 1ere édition de la conférence nationale de la gestion intégrée des zones côtières qui s’est ouverte hier à Dakar.
Les zones côtières et marines jouent un rôle fondamental dans la vie des populations mais depuis quelques années, elles font l’objet de menace. Selon le ministre de l’Environnement Pr Daouda Ngom, la zone côtière sénégalaise abrite des écosystèmes riches et variés qui procurent de nombreux services écologiques qui sont à la base d’activités économiques clé pour le développement économique et social ainsi que l’épanouissement des communautés côtières. « Force est, cependant, de constater que les zones côtières sénégalaises connaissent, depuis plusieurs décennies, une transformation fulgurante liée à une littoralisation, une linéaire des établissements humains et des activités économiques», indique-t-il.
A l’en croire, ce phénomène entraine une dégradation des ressources côtières et une perte croissante de ses écosystèmes, et par voie de conséquence, les biens et services qu’ils procurent. « Ce contexte particulier risque de s’aggraver avec l’exploitation des ressources pétrolières et gazières offshore. C’est pourquoi, la mise en place d’une gestion intégrée pour préserver le milieu marin côtier et ses ressources, et proposer des options d’aménagement et de valorisation adaptées, constituent un enjeu de développement durable pour notre pays », affirme-t-il. Dans un contexte de changement climatique, le suivi au quotidien de l’évolution de cet écosystème, selon lui, s’impose comme une nécessité pour prévenir les risques et assurer sa protection contre les conséquences négatives de l’érosion côtière. « Ce phénomène est perceptible sur les 718 km de littoral depuis des années tout le long du littoral sénégalais dont une partie est constituée par des îles, notamment, dans le delta du Saloum et en basse Casamance, connues pour leur extrême vulnérabilité », indique-t-il.
Cependant, il y’a des défis qui constituent à la dégradation des zones côtières et marines comme la hausse du niveau de la mer, la forte anthropisation des bassins-versants côtiers, mais également l’extraction frauduleuse du sable de plage pour alimenter l’industrie de la construction en pleine expansion, « constituent autant de risques qui impactent directement la zone côtière et contribuent à sa fragilisation. A cela s’ajoutent les actions anthropiques qui entrainent des bouleversements des espaces littoraux et aggravent les risques naturels d’érosion et de submersion ». Face à cette situation alarmante, l’Etat a engagé des investissements importants pour protéger le littoral avec l’appui de ses partenaires au développement avec l’actualisation de la Stratégie nationale de Gestion intégrée des zones côtières (SNGIZC) «et a lancé le processus de mise en place d’un cadre national sur la Gestion intégrée des zones côtières (CNGIZC) ainsi que le processus de ratification des protocoles additionnels de la Convention d’Abidjan (Convention relative à la Coopération en matière de Protection, de Gestion et de mise en valeur du milieu Marin et des zones côtières de la Région de l’Afrique de l’Ouest, du Centre et du Sud). « Malgré ces efforts, la tendance à la dégradation de notre environnement marin et côtier est loin d’être inversée ».
Les chiffres des zones côtières et marines au Sénégal
Pour sa part, le président du comité scientifique de la conférence Pr Bassirou Diouf annonce que plus de 35% des habitants du Sénégal vivent dans la zone côtière. « Il s’y développe également de nombreuses activités telles que la pêche, le tourisme et le maraîchage. Plus de 50% des légumes consommés dans le pays sont cultivés dans les Niayes. La zone côtière concentre plus de 57% des actifs du secteur agricole sur environ 31% des superficies cultivées du pays. 72% des actifs du secteur industriel », souligne-t-il. Poursuivant son propos, il affirme que plus de 103% des actifs du secteur des services marchands y proviennent. Et ce sont plus de 113% des actifs du secteur des services non-marchands.
Au total, la zone côtière participe pour plus de 67% à la réalisation du produit intérieur brut du Sénégal », soutient-il. Cette zone littorale est non seulement le moteur économique du Sénégal, précise-t-il, mais elle renferme également les écosystèmes particuliers, abritant une biodiversité d’importance nationale, sous-régionale, voire mondiale. « Toutefois, cette importance économique et écologique est confrontée à une série de défis croissants. Les écosystèmes côtiers, déjà vulnérables, subissent une pression croissante due à l’urbanisation rapide, à l’exploitation intensive des ressources naturelles et aux impacts du changement climatique », souligne-t-il.
Cependant, il est d’avis que l’élévation au niveau de la mer et l’intensification des tempêtes exercent pour les problèmes d’érosion côtière une menace grave pour les communautés côtières et leurs moyens de subsistance traditionnelles. « Le taux de retour moyen annuel de la côte varie de 0,5 à 2 mètres selon les zones. Ces phénomènes menacent non seulement les infrastructures économiques, les habitats humains et le bien-être des communautés, mais aussi la biodiversité des écosystèmes côtiers sénégalais ».
Mame Diarra DIENG