Disribution de moustiquaire imprégnée
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En prélude à la campagne de distribution de masse de moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII), le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) a organisé hier un atelier d’information en partenariat avec l’Association des journalistes en santé, populations et développement. L’objectif de cette rencontre était d’échanger et de discuter des aspects généraux de cette campagne. Ce sont ainsi plus de 4 millions de moustiquaires qui seront distribuées.

Organisée tous les trois ans, la campagne de distribution de masse de MII sera lancée le 13 mai prochain en Gambie. Selon le coordonnateur du PNLP, Pr Aliou Thiongane, 4 190 100 moustiquaires seront distribuées dans huit régions : Kolda, Tambacounda, Kédougou, Sédhiou, Ziguinchor, Matam, Kaolack et Kaffrine. Cette opération couvrira 34 districts sur 79 et durera 15 jours. « La population cible est estimée à 6 717 045 personnes, soit une moustiquaire pour deux personnes », précise-t-il.

Interpellé sur les mesures spécifiques dans les régions de Kolda, Kédougou et Tambacounda (KKT), Pr Thiongane a souligné que l’élimination du paludisme ne pourra être atteinte que si ces zones passent du statut de zones rouges (transmission élevée) à zones vertes dans les deux prochaines années. « Après, on pourra parler d’élimination. Car tant qu’il reste des zones rouges, on est loin de la pré-élimination. En regardant la carte du Sénégal, je vois encore du rouge : comment faire pour que cela devienne vert ? Il faudra des mesures spécifiques en termes de prévention et de traitement dans ces zones », a-t-il déclaré.Le professeur a aussi évoqué la réticence de certaines populations vis-à-vis des moustiquaires, jugées allergènes par certains. « Il faut atteindre ces personnes, les sensibiliser sur l’utilité et l’importance des moustiquaires », a-t-il insisté.

De nouvelles stratégies innovantes

En plus des moustiquaires, l’aspersion intra-domiciliaire sera mise en œuvre avec une nouveauté : l’utilisation de drones. « L’intelligence artificielle joue également un rôle. Ces drones permettront de localiser précisément les zones à risque pour les pulvériser, évitant ainsi de pulvériser inutilement des zones non concernées. Cela nous rendra plus précis et plus efficients en termes de coûts et d’efficacité », a expliqué Pr Thiongane.

Le détournement des moustiquaires, un défi persistant

« Le détournement des moustiquaires existe ; c’est un phénomène difficile à combattre, lié à la conscience et à la mauvaise foi », a reconnu Pr Thiongane. Il précise que toutes les moustiquaires sont codées : « Si une moustiquaire distribuée à Kédougou se retrouve à Dakar, nous pouvons l’identifier. Nous réfléchissons à des moyens de minimiser ce problème. »

Concernant le retrait de l’USAID, il a rassuré que le ministère de la Santé a mis en place un comité stratégique pour cartographier les financements et combler le déficit laissé par ce retrait. « D’autres partenaires ont exprimé leur volonté de jouer le rôle de l’USAID. Je pense qu’il n’y a pas péril en la demeure. La situation est bien maîtrisée et bientôt, vous constaterez les solutions mises en place », a-t-il ajouté.

Vers l’élimination, mais avec des moyens

Pr Thiongane a réaffirmé que l’élimination du paludisme est possible, à condition de disposer des moyens nécessaires. « Si nous avons les financements qu’il faut, nous éliminerons le paludisme. Cela dépend des autorités. À l’heure de la souveraineté pharmaceutique, sanitaire et nationale, nous devons pouvoir financer nos propres programmes de santé », a-t-il plaidé. Il estime qu’il est temps de ne plus dépendre exclusivement des partenaires : « C’est la seule voie pour atteindre nos objectifs et résoudre durablement les problèmes de santé de nos populations. »

Mame Diarra DIENG