Après plus de cinq ans d’absence en équipe de France, l’attaquant a contribué, mercredi, à la victoire de l’équipe de France face au Pays de Galles (3-0) en match de préparation du prochain Euro.
Karim Benzema a peut-être raté un penalty, mais pas ses retrouvailles avec l’équipe de France, mercredi 2 juin, à l’Allianz Riviera de Nice, lors de la victoire face au Pays de Galles (3-0) en match de préparation pour l’Euro. Raté, ou plutôt arrêté, reprend Didier Deschamps après recours à l’assistance vidéo. « Je l’ai revu et je trouve qu’il est bien tiré, que le gardien est très bon », assure le sélectionneur au soutien de son joueur.
Danny Ward – le gardien en question – n’avait pas très envie de voir l’ancien banni marquer. Un penalty détourné et trois arrêts décisifs, le Gallois a remis à plus tard le premier but de la seconde carrière en bleu de l’attaquant. Mais après 2 064 jours de mise à l’écart, Karim Benzema a appris à prendre un certain recul sur les choses du football. De ce match sans enjeu, transformé en événement par sa présence, l’attaquant en est sorti avec le sourire et a retenu « de la fierté, beaucoup de fierté, beaucoup de joie ».
L’avant-centre de 33 ans est sans doute sincère quand il réfute toute frustration possible. « L’essentiel, c’est de se créer les occasions, de gagner et de faire mieux la prochaine fois pour marquer un peu plus de buts », a-t-il promis au micro de TF1 après la rencontre.
Naissance d’un trio ?
Au-delà du résultat et d’un éventuel 28e but en sélection, Benzema était attendu et guetté pour son entente avec Kylian Mbappé et Antoine Griezmann. Le joueur du Real Madrid doit redonner du liant et de la fluidité à une attaque tricolore pas toujours inspirée lors de ses dernières sorties.
« Karim n’a pas marqué, mais avec sa palette élargie il a permis à l’équipe d’avoir une maîtrise et de la complémentarité avec ses partenaires, et pas seulement ceux qui sont à côté de lui, mais aussi avec le milieu de terrain », a apprécié Didier Deschamps.
Pour sa grande première, le trio Benzema-Mbappé-Griezmann n’a pas déçu. Il y a des automatismes à peaufiner, des connexions à trouver, mais l’entente paraît naturelle, presque fluide. Aux deux premiers le front de l’attaque sans positions figées et selon l’inspiration de l’instant, à « Grizou » le rôle d’électron libre pour arpenter le terrain à sa guise et venir chercher les ballons un peu plus bas. Dans ce registre, Benzema – attiré tant par la construction que la finition – n’est pas venu lui marcher sur les crampons.
Euro 2021 : le retour de Karim Benzema, une affaire d’abord sportive pour Didier Deschamps
Ce n’est pas un secret, les deux hommes s’apprécient. Dans un monde d’avant, celui où l’affaire de la sextape n’avait pas entraîné sa mise à l’écart, Benzema avait milité en interne lors de la Coupe du monde 2014 pour être associé avec le jeune attaquant de la Real Sociedad à l’époque, plutôt qu’avec Olivier Giroud. Devenu le taulier des Bleus entre-temps, Griezmann a voulu accueillir le revenant. C’est lui qui prend le ballon et l’offre au joueur du Real Madrid pour qu’il tire – mais rate – le penalty à la 25e minute.
Sur l’action précédente, Benzema est déjà empêché de marquer par une main mais celle du défenseur, Neco Williams. Avec une psychologie aussi rare que sa chevelure, l’arbitre portugais M. Godinho expulse le joueur dans une stricte application de la double peine ; de quoi consterner ses coéquipiers et même contrarier les Bleus.
Dans un match de préparation, l’adversaire est aussi un partenaire. Alors, autant qu’il reste à onze. « Je vous rassure on a tous demandé à l’arbitre de ne pas expulser le joueur gallois, on aurait préféré jouer à onze contre onze, mais il a suivi le règlement », regrette le capitaine niçois, Hugo Lloris interrogé par TF1, le soir de sa 100e avec le brassard.
« Les matchs se gagnent sur le terrain, pas sur le papier »
A onze contre dix, les Bleus ont travaillé l’attaque-défense, ce qui après tout peut s’avérer utile dans la perspective de l’Euro. A ce petit jeu, Kylian Mbappé a frappé le premier tout en opportunisme (41e). Au retour du vestiaire, Antoine Griezmann a enroulé un amour de frappe du pied gauche et prouvé qu’il vaut mieux que le joueur de complément qu’il est devenu, malgré lui, à Barcelone.
A la 79e minute, Karim Benzema a réalisé l’enchaînement de la soirée avec un amorti de la poitrine en reculant et une frappe enchaînée, pour trouver le poteau. A défaut de compter comme une passe décisive, cela donne un but tout fait à Ousmane Dembélé (79e), félicité par le numéro 19 d’un clin d’œil amical.
Le rappel de Karim Benzema, un coup tactique à plusieurs bandes
A douze jours d’entamer l’Euro contre l’Allemagne à Munich, Didier Deschamps est un sélectionneur satisfait mais soucieux de ramener tout le monde sur terre. Sans doute a-t-il entendu certains de ses joueurs un peu trop s’enflammer sur leur potentiel collectif. « Je pense qu’on a la meilleure attaque d’Europe, du monde », s’est ainsi avancé Kingsley Coman.
« Tout se passe bien, comme prévu, mais on ne doit pas s’endormir sur nos lauriers et penser que notre qualité va suffire. On est en alerte avec notre staff, et les joueurs en ont bien conscience aussi », a tenu à rappeler le sélectionneur. Intéressant et précieux sur le terrain, le retour de Karim Benzema a aussi contribué à faire des Bleus un favori voyant du prochain Euro.
Le risque de se voir un peu trop beau existe. Hugo Lloris a senti le danger cette semaine, en homme prudent. « Il y a beaucoup de talent, mais les matchs se gagnent sur le terrain, pas sur le papier, dit-il. On ne se laisse pas distraire par ce qui se dit à l’extérieur. »
Mais le fait de le signaler prouve que le risque existe. Pour l’instant, la présence de Karim Benzema a juste permis de dominer des Gallois réduits à dix. Le reste, ce sont des belles promesses, mais des promesses d’abord.