Dans une lettre ouverte adressée à Mediapart ce jeudi 11 février, la chanteuse Pomme révèle avoir été harcelée moralement et sexuellement, lorsqu’elle a commencé sa carrière dans la musique.
La chanteuse Pomme avait besoin d’ouvrir son cœur, ce jeudi 11 février. À la veille de la 36e cérémonie des Victoires de la musique, pour laquelle elle est nommée dans la catégorie de l’artiste féminine de l’année, aux côtés d’Aya Nakamura et de Suzane, la jeune auteure-compositrice de 24 ans a décidé de partager une lettre ouverte à nos confrères de Mediapart, afin de libérer la parole sur le harcèlement moral et sexuel qu’elle a subi en travaillant pour l’industrie du disque. « Je suis quelque part entre la colère, le repos, la révolte et le lâcher prise. De là où je suis, j’ai décidé de dire les choses. De ne plus laisser régner la peur, la peur de quoi, je sais même pas », a-t-elle commencé, avant de parler de sa carrière, qui a débuté il y a environ huit ans, lorsqu’elle n’avait que 16 ans.
Claire Pommet, de son vrai nom, a précisé qu’elle a vécu ce que « des centaines de jeunes filles qui débarquent dans ce monde parallèle, finalement pas si éloigné de l’organisation globale d’une société dangereuse pour elles », vivent en se lançant dans la musique. « J’en ai déjà parlé il y a quelques années, mais à l’époque, je n’avais pas la place que j’occupe aujourd’hui, c’était plus facile, ça faisait moins de bruit », a poursuivi la chanteuse, qui a révélé que son début de carrière « a été traumatisant », « comme pour beaucoup d’autres femmes ». Elle a ajouté avoir été une « énième victime d’un système d’oppression dangereux » et ce, « de ses 15 à ses 17 ans ». « J’ai été manipulée, harcelée moralement et sexuellement, sans en avoir conscience à cette époque évidemment. J’ai été l’objet de quelqu’un, façonnée selon les fantasmes et déviances psychologiques », a expliqué Pomme, qui « ne choisissait rien de sa vie (comportements, fréquentations), ni de son apparence (vêtements, maquillage, épilation), ni de la direction artistique de mon propre projet musical naissant à l’époque ».Melania Trump de nouveau humiliée : cette tenue qui a déclenché l’hilarité des internautes
Une adolescente « sexualisée, rabaissée, contrôlée »
La jeune femme a souligné avec regret avoir été « manipulée jusqu’à en perdre totalement confiance en elle, confiance si fébrile à cet âge-là ». Sans donner le nom de la personne qui s’est servie d’elle, la chanteuse a ajouté qu’il s’agissait d’un « adulte de 30 ans », qui a « réussi à lui faire croire qu’elle [était] le problème, en la sexualisant, en la rabaissant, en la contrôlant ». Pour que ses propos soient plus parlants, l’artiste a donné quelques exemples des remarques qu’elle a essuyées à l’époque, qui ont joué sur sa santé mentale et a aussi rappelé qu’il y a « un grand nombre d’hommes qui évoluent dans cette industrie en étant des harceleurs, des agresseurs, des violeurs », qui « sont exempts de la justice. Parce qu’ils sont des hommes, riches, puissants, assis sur des sièges de velours brodés de leurs noms en lettres d’or, desquels rien, pas même la justice, ne saurait les déloger ». « Il est temps que la honte et la peur change de camp (…) Nous sommes capables de les renverser et de changer les choses », a développé Pomme, décidée à mettre fin à l’intimidation de certains membres de la profession.