« Tout le monde a le droit à l’erreur », a concédé Didier Deschamps, en conférence de presse, au sujet de son attaquant Karim Benzema, rappelé mardi en Bleu pour l’Euro après une rencontre avec son sélectionneur, née d’un « besoin réciproque » d’échanger après cinq ans de mise à l’écart.
Un « besoin réciproque » de se parler
Deschamps: « L’étape importante, c’est le fait qu’on puisse se voir et discuter. J’ai pris le temps de réfléchir, d’analyser ce qu’on s’est dit. Cela s’est fait il y a un bon moment quand même (…) Comment cela s’est fait ? On prend contact, on fixe un rendez-vous et on se voit ! À partir du moment où le besoin était réciproque, ça s’est fait. Sans cette étape, ça n’aurait pas été possible. Lui comme moi, malgré tout ce qu’on a pu écrire, on se connaît très bien, et je n’ai jamais dit de mal de lui sur le plan humain. Au départ, il y avait une relation de confiance. On ne va pas revenir sur ce qu’il s’est passé, les choses de la vie font qu’à un moment, c’est arrivé, c’est factuel. »
« Tout le monde a le droit à l’erreur”
« Tout le monde a le droit à l’erreur. J’ai eu des situations compliquées, difficiles avec certains joueurs. J’ai mis mon cas personnel de côté. J’ai été animé de cet état d’esprit là. Personne ne pourra me faire perdre ma sérénité (…) Je n’ai jamais dit, à aucun moment, qu’il n’était pas sélectionnable, il l’a toujours été. Pourquoi pas avant ? Je ne suis pas magicien, on ne peut pas faire machine arrière, ça s’est passé là. »
« Peser le pour et le contre »
« La décision (finale) a été prise aujourd’hui, mais dans ma tête, c’était il y a un bon petit moment. Avec mon staff, il y a beaucoup de discussions, ils ont aussi un ressenti et ne sont pas là pour aller uniquement dans mon sens. Il y a beaucoup d’échanges, on pèse le pour, le contre, il y a eu des étapes. J’ai des pré-listes à faire, il y avait les noms sélectionnés, je n’ai pas attendu, caché quoi que ce soit. Cela s’est fait en toute discrétion, oui, mais je ne cache rien. Évidemment, il y a la relation de confiance avec mon président Noël Le Graët, il a toujours été un soutien précieux pour moi. Mon président est très content ce soir. »
A 23, il était là
« C’est l’offenser de lui dire qu’il ne pouvait pas être dans les 23. Je ne vous cache pas qu’il aurait été dans les 23 (si la liste avait été limitée à 23 et non 26), on parle de Karim Benzema quand même. J’en aurais enlevé trois autres, mais je ne me suis même pas posé la question, car je pouvais en prendre 26. »
« Pas d’inquiétude » pour l’équilibre du groupe
« Je n’ai pas d’inquiétude. Karim est intelligent, il sait qu’il arrive dans un groupe qui a des repères, qui a des titres, où il y a une bonne ambiance sur et en dehors du terrain (…) Si j’avais dû faire la liste il y a un an, cela n’aurait certainement pas été la même, pas seulement en ce qui concerne Karim. Mes choix sont guidés par le bien de l’équipe de France. La concurrence a toujours existé. Évidemment, j’ai conscience que ça a été à l’excès pour Olivier (Giroud) car on le tient pour responsable (de la mise à l’écart de Benzema) alors qu’il ne l’était pas. Certes, ils sont tous deux attaquants axiaux, mais l’un n’empêchait pas l’autre. Je ne vais pas me plaindre d’avoir l’embarras du choix. Il y aura des équilibres à trouver avec des profils différents. »
« Sans doute » plus de maturité
« Une carrière d’un joueur pro, cela ne dure pas 20 ans. Qu’il ait gagné en maturité, en sérénité, sans doute, à travers sa vie, son club. Ce qu’on fait à 25 ans, on ne le fait pas à 30, c’est de l’expérience aussi, avec des bonnes choses, des choses moins bonnes. La maturité ne vient pas en claquant des doigts.”