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Devant le restaurant « Brasco » à Cergy, une vidéo montrant des insultes racistes proférées à l’encontre d’un livreur avait indigné. Trois plaintes ont été déposées et une enquête ouverte.
 
FAITS DIVERS – L’auteur de l’agression raciste qui s’est déroulée dans la nuit de dimanche à Cergy, devant le restaurant « Brasco », a été interpellé ce mardi 1er juin, rapportent Le Parisien et BFMTV, une information confirmée au HuffPost par le parquet de Pontoise.
 
Selon cette même source, l’individu, âgé de 24 ans, a été placé en garde à vue après son interpellation à Paris à 12h30. L’auteur des faits, qui montrait son visage sur la vidéo, avait été rapidement identifié. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a salué la « réaction rapide » des forces de l’ordre. « Le racisme ne doit jamais rester impuni », a-t-il ajouté.
 
Une enquête avait été ouverte lundi, après la diffusion d’images filmées par une voisine du restaurant: on y voyait un jeune homme se présentant comme « algérien » insulter à plusieurs reprises et avec des termes racistes un livreur noir qui se trouvait devant l’établissement. Il s’en était également pris à la voisine à l’origine de la vidéo. Il lance notamment « espèce de négresse, espèce de sale noire (…), pendant 800 ans on vous a vendus comme du bétail ».
 
Trois plaintes ont été déposées, par le propriétaire du restaurant d’une part et par l’avocat du livreur et de l’autrice de la vidéo mardi auprès du procureur de Pontoise pour des faits qualifiés de « violence volontaire avec la circonstance aggravante de racisme », « injures publiques à caractère raciste », « apologie de l’esclavage et de crime contre l’humanité ». 
 
L’enquête a été confiée au commissariat de Cergy-Pontoise.
 
« Je ne veux pas de représailles »
Au micro de BFMTV, Joseph, le livreur Uber Eats a expliqué avoir été interpellé une première fois par le groupe de l’agresseur pour baisser le volume de sa musique. « Par gentillesse, je descends le volume de mon enceinte. Ça lui suffisait pas. Il a dit: ‘Il faut descendre’. J’ai refusé », raconte-t-il. La tension est ensuite montée entre Joseph et les personnes présentes: « Je me suis présenté devant lui pour dire: ‘J’ai pas peur de toi’. Je ne voulais pas de cette histoire de bagarre », assure le livreur. 
 
Son agresseur présumé lui aurait alors dit de « se casser ». « En retournant, il m’a donné un coup de poing. Après, je me suis retrouvé par terre », explique Joseph, qui ajoute que l’agresseur « est venu sur lui » et « a commencé à le tabasser ». « C’est comme si j’étais assommé (…). Ses potes, ils étaient à côté. Ils n’ont rien fait ».
 
« La violence était tellement inouïe que mon client a eu l’impression que c’était terminé pour lui », a expliqué son avocat Me Mehana Mouhou à l’AFP. « Il est sous le choc, traumatisé par cette violence et des propos qu’il a entendus », poursuit Me Mouhou.
 
Invité de « Touche pas à mon poste » ce mardi soir, le livreur Dieugros Joseph s’est dit « vraiment soulagé » de l’interpellation de son agresseur. Il a également appelé au calme : « Je ne veux pas de représailles », a-t-il affirmé, se fiant à la justice: « On vit dans un pays de droit, il y a (la devise, NDLR) liberté, égalité, fraternité. Il y a la loi, on est au-dessous de la loi », a-t-il insisté avant de conclure par un virulent « Non à la violence et non aux racistes » applaudi.
 
Le Brasco fermé par la préfecture
Le Brasco devant lequel se sont déroulés les faits a été fermé par la préfecture pour une semaine pour « nécessité de l’ordre » et « tranquillité publique », précise Le Parisien. Dans la journée de lundi, environ 150 personnes s’étaient retrouvé devant l’enseigne à l’appel du collectif la Brigade anti-négrophobie.
 
Elles dénonçaient l’agression raciste mais incriminaient également le gérant, soupçonné d’avoir employé l’auteur de l’agression. Invité de TPMP lundi soir, le propriétaire de l’établissement a fermement démenti: « Cette personne que l’on voit sur les images, elle ne travaille pas dans mon restaurant, elle n’y a jamais travaillé. (…) Toutes les vidéos de mon restaurant pendant 15 jours vont être données à la police pour qu’ils puissent vérifier (l’identité, NDLR) des personnes qui bossent », a-t-il affirmé.

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