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Le site du phare des Mamelles continue d’être agressé, malgré les instructions de la plus haute autorité de l’Etat. Les services compétents ont annoncé, hier, un deuxième plan de déguerpissement, non sans informer de la mise en œuvre d’un projet d’aménagement et d’embellissement du phare des Mamelles.

La gourmandise foncière au Sénégal n’a décidément aucune limite. Pour preuve, le site historique du phare des Mamelles continue d’être agressé par des individus qui sont allés jusqu’à détruire les balises de protection de la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (Dscos). Ces derniers auraient agi nuitamment. Selon des riverains, un responsable assez connu en serait l’instigateur. Dans le but de mesurer l’ampleur des dégâts, une deuxième visite des autorités compétentes a eu lieu hier.

Le secrétaire général du ministère de l’Environnement, Amadou Lamine Guissé, accompagné des représentants du ministre des Mines et de la Géologie, du ministre de la Pêche, du ministre des Finances, du Port autonome de Dakar, de la Dscos, ainsi que ceux de la Société nationale des eaux du Sénégal, ont constaté l’état d’exécution des recommandations prises lors de leur première visite.  « Nous avons reçu une alerte, il y a de cela dix mois, du Collectif citoyen pour la préservation des Mamelles.  Ses membres avaient constaté des dégâts au pied de la colline. Une première visite a été effectuée et des instructions ont été données pour libérer les emprises de toute occupation. Mais, malheureusement, ce matin, nous avons constaté que certains commencent à revenir pour occuper des sites qui ont été balisés », a déclaré le secrétaire général du ministère de l’Environnement.

Une occupation irrégulière qui s’oppose aux instructions étatiques

Amadou Lamine Guissé assure qu’une nouvelle descente de terrain suivra, les prochains jours, en vue de déguerpir les nouveaux occupants. Pour l’heure, autour de ce site classé patrimoine mondial, gravitent commerces, garages et jardiniers. Cela sans compter les bâtiments en construction dont les propriétaires détiennent des documents légaux. C’est le cas de l’ONG Wamy (Assemblée mondiale de la jeunesse musulmane). « Rien n’explique que ce bâtiment vienne boucher l’œil du phare, il doit être détruit et que le Sénégal dédommage, s’il y a lieu de le faire. Ce bâtiment sera ainsi transféré à un endroit beaucoup moins stratégique. Car, en 1945, c’est à partir du phare que des canonniers se sont positionnés pour détruire les bateaux qui voulaient envahir Dakar. Ici, se trouvait le champ de tir des militaires. Nous sommes dans un monde de conflits et de guerres. Comment peut-on perdre une position de défense au profit d’un simple siège d’ONG ? Rien ne l’explique’’, martèle le président du Collectif citoyen pour la préservation des Mamelles.

A l’en croire, les installations informatiques sophistiquées à l’intérieur du bâtiment ne relèvent pas uniquement d’outils d’une simple ONG. Mignane Diouf se désole du fait que les occupants continuent de travailler comme si de rien n’était. Pourtant, le Président de la République a ordonné la destruction de l’infrastructure. Le dossier est actuellement géré par le ministère des Finances.

Le phare des Mamelles repose sur une roche volcanique. Pourtant, le creuset au bas de sa colline s’accentue.  Pour pallier l’occupation illégale des lieux, le président Macky Sall, en audience avec le ministre de l’Environnement et celui de la Pêche, a décidé de mettre en place un comité multisectoriel qui réunit les différents ministères concernés, en incluant le collectif et les partenaires privés qui interviennent autour du phare des Mamelles. Une démarche qui répond à un aménagement participatif ayant pour but l’embellissement du phare et de ses environs.

Selon le secrétaire général du ministère de l’Environnement, les baux accordés sur ce site ont été annulés. Toutefois, certains se demandent comment un site placé sous ‘’utilité publique’’ par décret en 2016, fait l’objet de titre foncier en 2017 ? De plus, l’autre face de la falaise subit non seulement l’érosion naturelle (provoquée par la mer) mais subit des agressions d’individus armés qui, nuitamment creuse pour extraire les pierres ponces. Des matériaux qui coûtent une fortune au Mali.

Le projet d’aménagement prend en compte des installations de l’usine de dessalement qui, par la sensibilisation, espère faire partir ceux-là qui occupent son lieu d’implantation. La Sones prévoit également un passage-piéton, pour un accès libre des Sénégalais à la plage. Si les normes sont respectées, aucune construction ne doit sortir de terre sur les 200 mètres aux alentours du phare des Mamelles.

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