La confusion règne autour de la Copa America. Le championnat de football des nations sud-américaines devait avoir lieu en Argentine et en Colombie, qui ont dû annuler, l’un à cause de la situation sanitaire, l’autre en raison de l’agitation sociale. Finalement, la Confédération d’Amérique du Sud de football s’est tournée vers le Brésil, avec l’accord du président Bolsonaro. Mais lundi 31 mai au soir, un membre de son gouvernement a déclaré que « rien n’était arrêté pour le moment ». La compétition, qui doit commencer dans 10 jours et durer un mois, scandalise la communauté scientifique.
Organiser la Copa America au Brésil, ce serait un véritable « championnat de la mort », affirme Renan Calheiros, le rapporteur de la commission du Sénat qui enquête sur le Covid-19. Le virus a déjà tué plus de 460 000 personnes, le Brésil étant le pays le plus endeuillé au monde après les États-Unis. Seulement 11 % de la population a reçu deux doses de vaccin.
Les médecins et les chercheurs sont également indignés, alors que le Brésil redoute une troisième vague et que le variant indien a fait son entrée dans le pays, rapporte notre correspondant à Sao Paulo, Martin Bernard . « C’est absurde que le Brésil accueille la Copa America, alors qu’on traverse la phase la plus critique de la pandémie, avec tant d’incertitudes qui planent, dénonce Natalia Pasternak, la présidente de l’Institut Question de Science. C’est tout à fait irresponsable et pas nécessaire du tout. Il est vraiment temps d’arrêter de traiter les événements sportifs comme s’il s’agissait d’activités essentielles. »
« Position définitive mardi »
Sous la pression des critiques, le gouvernement brésilien semble hésiter. « Il n’y a rien d’arrêté pour le moment, je tiens à le préciser très clairement, a déclaré le secrétaire du gouvernement, Luiz Eduardo Ramos, à la surprise générale. Nous sommes au milieu du processus. Mais nous n’allons pas nous dérober face à cette demande s’il est possible d’y répondre. »
Le secrétaire du gouvernement a même énoncé des conditions : un huis clos total ainsi que des délégations restreintes et toutes vaccinées. Selon lui, une « position définitive » serait prise « mardi » 1er juin.
La Cour suprême saisie ?
Plus tôt, le vice-président brésilien Hamilton Mourao avait pourtant justifié un choix qui comporte « moins de risque ». « L’avantage, c’est la taille de notre pays et le nombre de stades. On peut répartir » les matches sur tout le territoire, a-t-il affirmé.
Plusieurs gouverneurs ont déjà averti qu’ils ne voulaient pas de matches de football, ni d’attroupements, dans leurs États. Quant au parti des Travailleurs de Lula, il va recourir à la Cour suprême pour tenter d’empêcher le transfert de la Copa America vers le Brésil.