Dans un rapport publié ce dimanche 25 octobre 2020, Amnesty International livre les preuves qui montrent que les forces de défense et de sécurité ont tiré à balles réelles sur des manifestants en Guinée.
Selon l’organisation de défense des Droits de l’homme, «des récits de témoins, des images satellites et des vidéos authentifiées et analysées par Amnesty International confirment que les forces de défense et de sécurité guinéennes ont tiré à balles réelles sur des protestataires, après l’élection présidentielle contestée du 18 octobre.
Ainsi, «de nombreux morts et blessés ont été recensés, lors de manifestations et d’émeutes. Des habitations et des biens ont également été détruits».
Amnesty interpelle la communauté internationale
Toujours dans ce rapport, Amnesty International se dit préoccupée, face au «silence de l’Union africaine et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) face à l’ampleur des violations des droits humains infligées aux Guinéens».
D’ailleurs, Fabien Offner, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale à Amnesty International, rappelle que «le président Alpha Condé n’a eu de cesse de répéter qu’il avait préféré quitter le pays en 1993, plutôt que d’aller à la confrontation et de ‘gouverner des cimetières’. C’est aujourd’hui le cas».
C’est la raison pour laquelle il invite et exhorte «la communauté internationale à se mobiliser urgemment et fortement, en appelant à la protection de la population et à l’ouverture d’enquêtes».
La liberté d’expression muselée
Amnesty International a également mis en exergue, dans ce rapport, les nombreuses attaques contre la liberté d’expression en Guinée.
Selon Amnesty, «la connexion à Internet et les appels téléphoniques depuis et vers la Guinée ont été fortement perturbés ou coupés, vendredi 23 et samedi 24 octobre. Aucune annonce préalable n’a été faite par les autorités, à ce sujet».
D’ailleurs, le 18 octobre, la Haute autorité de la communication (Hac) a suspendu pour un mois le site d’information Guinéematin.com, suite à la diffusion, en direct sur la page Facebook du site, d’opérations de dépouillement de plusieurs bureaux de vote et suite au refus de l’administrateur d’arrêter la diffusion.
«Cette nouvelle paralysie des communications constitue une attaque contre la liberté d’expression et une manœuvre pour réduire au silence les protestataires, les défenseurs des droits humains, les journalistes et les bloggeurs», estime Fabien Offner.
Pour terminer, Amnesty exige que «les autorités lèvent immédiatement la suspension du site d’information Guinéematin.com et les restrictions touchant l’accès à Internet et aux réseaux sociaux, de telle sorte que chacun puisse s’exprimer librement et que les journalistes puissent faire leur travail».