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J’ai pensé à beaucoup de magistrats avant d’écrire les lignes qui suivent. D’abord à mon défunt aîné qui m’a fait aimer le droit et m’a encadré avant de me quitter un mois après mon obtention de la maîtrise en droit privé, option judiciaire. J’ai pensé ensuite à mes amis et camarades de promotion de la faculté des sciences juridiques qui sont dans la magistrature. J’ai enfin pensé aux vaillants magistrats avec qui j’ai passé plus d’une décennie de franche collaboration. Une collaboration empreinte de respect mutuel et du sens élevé des responsabilités. Si j’ai pensé à tous ceux-là, c’est moins pour leur témoigner mon estime que pour dire comme Jean De Lafontaine que « d’un magistrat ignorant, c’est la robe qu’on salue ». Bien entendu, la justice est rendue au nom du peuple. Le juge est, à cet effet, mandataire du peuple. Il relève donc de l’impossible que la magistrature soit exempte de critiques. Un sens de l’observation permet d’affirmer sans emphase que ce sont des poursuites pénales et des mandats de dépôt servis comme de petits pains contre des opposants politiques ou des manifestants qui sapent et mettent actuellement en péril notre unité nationale. Et, quand un juge couvert par sa robe traite un inculpé, donc un présumé innocent, de « lâche », c’est qu’il sort du cadre rigoureux du professionnalisme pour se confondre avec la loi qu’il est censée servir. C’est le lieu de dire à ce juge disqualifié par sa grande dose de subjectivité, son mépris à l’égard de l’inculpé, et à la face du monde que Maître Elhadj Ngagne Demba Touré que j’ai reçu en stage, au Tribunal de grande instance de Saint-Louis n’est pas un lâche et ne peut être pris pour tel. Ce jeune collègue est- je le jure- bien élevé. Il n’a pas un problème de comportement. Son passage à Saint-Louis révèle un homme poli, serein, consciencieux et professionnel. Il a le sens de l’écoute et agit en responsable. « Nous n’attestons que ce que nous savons » comme nous y invite le coran dans la sourate Youssouf. Il y a des choses qu’un juge ne devrait jamais écrire. Et si Me Touré incarnait « une fausse notoriété » mais sans escroquer personne est-ce vraiment son problème ou celui de la justice ? Je le répète, Me Ngagne Demba Touré que j’ai reçu en stage est un homme humble. Cette humilité ne peut cependant cacher sa large et admirable culture. Une de ses qualités que les sénégalais n’ont pas encore totalement découverte. Mon jeune collègue n’est ni malfaiteur ni terroriste. C’est un fonctionnaire de la justice, musulman et pratiquant. Il ne peut appeler à détruire ce beau pays qui a vu naître son arrière-grand-père dans le Saloum des profondeurs. Son seul tort, c’est d’avoir milité dans un parti d’opposition. Il ne serait jamais inquiété s’il cheminait avec le parti au pouvoir. Les charges retenues contre lui sont grotesques, farfelues, méchantes et ressemblent à des contes. Cet état de fait est inadmissible dans un État de droit. Greffier de formation, Me Ngagne Demba Touré est acteur de la justice. Sa place n’est pas en prison. C’est pourquoi je voudrais inviter tous les travailleurs de la justice et particulièrement les greffiers à se dresser comme un seul homme et à faire face. Notre collègue doit être libéré sans condition.
Me Ibrahima DIOP, Greffier, Secrétaire général chargé de la recherche, de l’éducation et de la Formation de l’Union nationale des travailleurs de la justice

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