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L’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche a été chaleureusement accueillie en Europe, où l’on propose un nouveau pacte fondateur au président américain et où on espère surtout revenir à une relation transatlantique apaisée, entre autre sur le plan commercial.PUBLICITÉ

C’est que le commerce est devenu un gros sujet de friction sous la présidence de Donald Trump. En 2018, des droits de douane ont été imposés sur l’acier et l’aluminium européen, entraînant des représailles immédiates des 27. Une guerre stérile puisque le déficit commercial des États-Unis avec l’Europe s’est aggravé, alors que c’est l’inverse que recherchait Donald Trump. Par ailleurs et cela n’a pas grand-chose à voir avec le président sortant, Américains et Européens attisent leur conflit sur l’aéronautique en se punissant mutuellement de nouveaux droits de douane. Ces sanctions ne règlent rien du tout sur le fond, en revanche les producteurs de vins français souffrent de ces représailles.

C’est pourquoi la France est l’un des pays européens le plus pressé de parvenir à une trêve

Jean-Yves Le Drian le ministre des Affaires étrangères, comme Bruno le Maire le ministre de l’Économie, demandent une suspension des droits de douane. Mais pour le moment ni Joe Biden ni son entourage n’ont envisagé une telle mesure. Il n’y aura pas de retour au monde d’avant. En revanche les États-Unis disent avoir besoin de leurs alliés face à la Chine, c’est le message envoyé par Janet Yellen. Lors de sa déclaration devant le Congrès la nouvelle secrétaire au Trésor a eu des mots très durs pour Pékin, qualifiant les pratiques commerciales chinoises d’injustes, parfois illégales, ce qui confirme là aussi une certaine continuité avec l’administration précédente.

L’accord sur l’investissement que les 27 viennent de signer avec Pékin peut-il nuire au rapprochement transatlantique ? 

Cet accord, explique-t-on à l’Élysée, va dans le même sens que l’agenda américain, il cherche lui aussi à rendre la concurrence avec les entreprises chinoises plus équitable, officiellement il n’y a donc pas de différend sur ce sujet. Pourtant, cet accord signé quelques jours avant l’investiture de Joe Biden, a été critiqué par ses conseillers. Mais là aussi le monde a changé. Cet accord traduit la nouvelle volonté européenne d’indépendance face aux deux autres grandes puissances économiques que sont la Chine et les États-Unis. Ce que les 27 ont appelé l’autonomie stratégique. Ce concept a été façonné sous la présidence de Donald Trump parce que l’avenir de l’Amérique inquiétait l’Europe et son successeur démocrate devra composer avec cette nouvelle donne.

Dans cette quête d’autonomie face à leur allié américain les Européens cherchent aussi à renforcer le rôle de l’Euro

Cette volonté est clairement exprimée dans un document de la Commission consulté par nos confrères du Financial Times. Les 27 veulent surtout s’affranchir du recours au dollar ou de tout ce qui expose leurs entreprises à de potentielles sanctions américaines. Car au nom de règles extra territoriales, l’administration américaine poursuit toutes les entreprises qui entravent ses intérêts économiques ou géopolitiques. Quand Washington a dénoncé l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, les entreprises européennes en train de renouer leurs relations avec la république islamique ont dû abandonner. Tout comme d’autres sont aujourd’hui empêchées de passer des contrats avec Huawei depuis que Washington a décrété le géant chinois des télécoms menaçant pour sa sécurité intérieure. Enfin Washington multiplie les sanctions contre les Européens pour empêcher la construction du gazoduc sous-marin Nord Stream 2 qui relie la Russie à l’Allemagne. Là aussi un point de friction qui pourrait compliquer le réchauffement de la relation transatlantique

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