Le transfert du pouvoir a finalement commencé aux Etats-Unis. Après deux semaines de blocage, Joe Biden a les mains totalement libres pour préparer son arrivée à la Maison Blanche, avec en premier acte mardi la présentation officielle de grands noms de son futur cabinet.
Donald Trump n’a toujours pas pour autant concédé sa défaite et promet de poursuivre le “combat” en justice, où il enchaîne pourtant les revers dans sa tentative de contester les résultats de la présidentielle américaine du 3 novembre.
Mais plus de deux semaines après l’annonce de la victoire du démocrate, il a finalement ouvert la porte, d’un tweet lundi soir, à la transition vers une présidence Biden.
Ce dernier ne l’avait pas attendu pour préparer son arrivée à la Maison Blanche, le 20 janvier.
Le futur 46e président des Etats-Unis a dévoilé lundi les noms des premiers poids lourds de son gouvernement, avec plusieurs personnalités chevronnées ayant servi sous Barack Obama comme Antony Blinken, futur chef de la diplomatie américaine.
Accompagné de sa future vice-présidente Kamala Harris, il présentera officiellement ces premiers grands noms, centrés sur la diplomatie et la sécurité, mardi en début d’après-midi dans son fief de Wilmington, dans le Delaware.
Joe Biden, 78 ans, et Kamala Harris, 56 ans, “font face à une pandémie, une crise économique, des appels à instaurer la justice raciale et au changement climatique. L’équipe en train d’être composée pourra affronter ces défis dès le premier jour” proclame le site officiel de leur équipe de transition.
Apparaissant de plus en plus isolé chez les républicains dans sa tentative de nier la défaite, Donald Trump a lui fait une curieuse –et très brève– intervention mardi.
Sans un mot pour l’élection, il s’est félicité du nouveau record de la Bourse de New York, le Dow Jones ayant dépassé pour la première fois la barre symbolique des 30.000 points, et des avancées vers un vaccin contre le Covid-19.
“Je veux féliciter le peuple de notre pays, car il n’y a pas d’autre peuple comme vous”, a-t-il lancé, flanqué de son vice-président Mike Pence, avant de quitter la salle de presse de la Maison Blanche.
D’ordinaire très prolixe avec les journalistes, le milliardaire républicain n’a pas répondu à leurs questions depuis l’élection.
La veille au soir, il avait donné son feu vert à l’agence gouvernementale chargée du transfert du pouvoir pour faire le “nécessaire”, mettant fin à un déni sans précédent dans l’histoire américaine.
Cette agence, la GSA, venait d’envoyer une lettre informant Joe Biden qu’elle ouvrait finalement la voie à la transition, dans une décision “indépendante”.
Comprendre: pas sur commande du président sortant, mais après la certification des résultats dans plusieurs Etats-clés et une volée de revers en justice pour l’équipe Trump.
Après le Michigan lundi, la Pennsylvanie a à son tour certifié mardi la victoire de Joe Biden, nouveau camouflet pour le républicain.
Dans les faits, son feu vert débloque des fonds pour que l’équipe Biden puisse s’organiser et lui ouvre la porte de l’administration Trump afin de commencer à se coordonner sur les sujets brûlants, comme la campagne de vaccination à venir pour lutter contre la pandémie qui a fait plus de 258.000 morts aux Etats-Unis.
Point crucial, Joe Biden aura enfin accès aux informations classées secret défense.
Son équipe s’est réjouie de pouvoir enfin entamer “un transfert du pouvoir pacifique et sans accroc”.
Plusieurs pionniers
Avec sa première salve de nominations, Joe Biden signale un retour au multilatéralisme, contre-pied de “l’Amérique d’abord” prôné par Donald Trump.
Dans un retour à une politique plus traditionnelle que son prédécesseur, il s’entoure de personnalités reconnues et qualifiées, sans effet surprise.
Disant vouloir donner une plus grande place aux femmes et aux minorités, l’ancien vice-président de Barack Obama a déjà désigné plusieurs pionniers, avec le premier Hispanique à la tête de la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, et la première femme à la tête des services de renseignement, Avril Haines.
Il prévoit aussi, selon une source dans son entourage, de nommer au Trésor l’ancienne présidente de la Banque centrale Janet Yellen au Trésor, un poste toujours occupé par des hommes.
Signe de l’importance que l’administration Biden prévoit d’accorder à la lutte contre le changement climatique, le président élu a créé un poste d’émissaire spécial pour John Kerry, ex-chef de la diplomatie américaine.
Une diplomate expérimentée afro-américaine, Linda Thomas-Greenfield, 68 ans, deviendra elle ambassadrice à l’ONU.
Ancien numéro deux du département d’Etat sous le président Barack Obama, Antony Blinken, 58 ans, était jusque-là un des principaux conseillers en diplomatie de Joe Biden. S’il est confirmé au Sénat, ce fervent partisan du multilatéralisme devrait s’attaquer en priorité au dossier du nucléaire iranien.