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Cela n?a été une surprise pour personne en Côte d?Ivoire. Après son séjour en République démocratique du Congo, Laurent Gbagbo de retour au pays depuis la mi-juin a rendu visite à son prédécesseur et ancien rival Henri Konan Bédié. En effet, les deux hommes se sont rapprochés depuis leur rencontre fin juillet 2019 à Bruxelles, où Laurent Gbagbo résidait en liberté conditionnelle en attendant la confirmation de son acquittement devant la Cour pénale internationale de La Haye.

Ce week-end, devant plusieurs centaines de militants de leurs partis, les deux anciens chefs d?État se sont donné une franche accolade avant de faire quelques dizaines de mètres main dans la main, saluant la foule, et de s?asseoir côte à côte pour assister à plusieurs spectacles.

Une image qui tranche avec ce qu?a pu être leur relation dans le passé.

Anciens rivaux

Les deux hommes ne se sont pas toujours appréciés. Au moment de l?élection de 2010, Henri Konan Bédié renversé lors du putsch du 24 décembre 1999 avait apporté son soutien à Alassane Ouattara, rival de Laurent Gbagbo. Ce dernier avait ensuite été poursuivi par la CPI pour crimes contre l?humanité au cours des violences postélectorales de 2010-2011 ? dont le bilan officiel est de plus de 3 000 morts ? nées de son refus de reconnaître sa défaite à la présidentielle face à Alassane Ouattara.

Une réconciliation en trompe-l??il ?

Alors pourquoi s?unissent-ils aujourd?hui ? « Bédié-Gbagbo, unis pour une opposition plus forte » : dix ans plus tard, le mot d?ordre est à l?union, à l?image des nombreux tee-shirts, pagnes et banderoles des militants présents à Daoukro, dans le centre du pays, qui est aussi le fief de Bédié. Au bout : la perspective d?une alliance entre le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de M. Bédié et le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo n?est pas à exclure en vue des prochains scrutins nationaux. Ces deux partis s?étaient déjà associés dans de nombreuses circonscriptions aux législatives de mars dernier. Mais surtout les deux hommes se sont affichés comme les plus farouches opposants au troisième mandat du président Ouattara. Henri Konan Bédié, 87 ans, avait mené au nom de l?opposition un bras de fer avec le président, en appelant au « boycott actif » et en prenant la tête d?un éphémère « Conseil national de transition ».

« On ne peut pas l?exclure. C?est une alliance pour le bien de la Côte d’Ivoire, pas contre quelqu?un », assure à l?AFP, Antoni Garou, le député-maire pro-Gbagbo d?Ouragahio, qui englobe la circonscription du village de naissance de Laurent Gbagbo, Mama. « Tous les Ivoiriens doivent se parler », a-t-il encore dit, espérant que le président Ouattara recevra prochainement ses deux rivaux Gbagbo et Bédié.

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