Cette année, ces violences ont augmenté dans de nombreux pays en raison des mesures mises en place pour lutter contre la pandémie de coronavirus.
En Tunisie, le confinement du printemps, puis le couvre-feu toujours imposé à 20h, ont entrainé une hausse des violences conjugales.
C’est à l’hôpital Mongi Slim qu’Ahlem Belhadj reçoit de nombreuses femmes. Selon cette pédopsychiatre renommée, l’obligation pour les hommes de passer plus de temps à la maison a bouleversé l’équilibre de nombreux foyers : « L’espace intérieur est généralement l’espace des femmes. Quand le mari intervient plus – ménage, bouffe, éducation des enfants – il occupe l’espace où il n’était pas avant. Quand il y a plus de stress, plus de tensions, plus d’irritabilité, il y a plus de passages à l’acte. »
La fermeture dès 16h, des cafés pose également problème : « Le café a une place sociale extrêmement importante en Tunisie. Une place inquiétante d’ailleurs. Les hommes ont été privés de ça, donc ça a entrainé beaucoup de difficultés. »
126 plaintes reçues sur 7000 signalements
Des femmes ont dû fuir leur foyer devenu un enfer : « Au niveau des centres d’accueil des femmes victimes de violence, le chiffre a augmenté de cinq fois. »
Yosra Frawes, présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates, a vu ce mouvement s’amplifier durant le confinement. Elle avait même demandé à la ministre de la Justice où en étaient les 7000 signalements pour violence conjugales : « Elle nous a donné un chiffre vraiment terrible. Elle a dit que sur les 7000 cas signalés, il n’y a que 126 plaintes qui ont été reçues. »
Une loi contre les violences faites aux femmes a été adoptée en 2017 mais les mesures d’application tardent à se concrétiser.