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May 2, 2024
0 6 minutes 3 ans

La Commission éthiopienne des droits humains a appelé samedi à des « mesures d’urgence » pour protéger et aider les civils du Tigré, où la coupure des télécommunications et des accès terrestres inquiète dans cette région en guerre depuis huit mois.

Les cris d’alarme sur la situation humanitaire dans cette région du nord de l’Éthiopie ont redoublé ces derniers jours, alors que le conflit connaît un tournant majeur.

Le Tigré est le théâtre de combats depuis que le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé, début novembre, l’armée pour renverser les autorités régionales dissidentes, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Le prix Nobel de la paix 2019 les accusait d’avoir orchestré des attaques sur des bases militaires.

Cette opération militaire s’est transformée en un conflit de longue durée entre forces pro-TPLF (les Forces de Défense du Tigré, TDF) et armée éthiopienne, épaulée par des troupes des autorités régionales voisines de l’Amhara et l’armée de l’Érythrée, pays frontalier du Tigré.

Lundi, les TDF ont repris la capitale régionale Mekele, tenue par l’armée éthiopienne depuis le 28 novembre. Le gouvernement a décrété un cessez-le feu unilatéral, qualifié de « blague » par un porte-parole des forces rebelles. Les TDF ont depuis repris le contrôle d’une grande partie de la région.

Des ONG et des agences onusiennes se sont alarmées vendredi de la destruction de deux ponts cruciaux pour accéder au Tigré. Accusé de vouloir empêcher l’aide humanitaire d’arriver dans cette région où son armée a perdu du terrain, le gouvernement fédéral a démenti toute responsabilité.

Organisme indépendant mais rattaché au gouvernement, la Commission éthiopienne des droits de l’homme (EHRC) a exprimé samedi sa « profonde préoccupation » sur la situation des civils au Tigré » et demandé que « des mesures soient prises d’urgence pour assurer leur sûreté et leur sécurité ».

« La sûreté et la sécurité des civils doivent rester une priorité », insiste l’EHRC.

Conditions de famine

L’EHRC s’inquiète notamment des informations d’organisations humanitaires, selon qui « la coupure des services d’électricité, de télécommunications et d’approvisionnement en eau (…) met à rude épreuve les conditions de vie dans la région ».

Nous devons les atteindre maintenant. Pas la semaine prochaine

Vendredi, lors d’une réunion publique du Conseil de sécurité, un haut responsable onusien a affirmé que plus de 400 000 personnes y ont « franchi le seuil de la famine » et 1,8 million de personnes supplémentaires « sont au bord de la famine ».

« Nous devons les atteindre maintenant. Pas la semaine prochaine », a-t-il lancé.

Les civils paient un lourd tribut dans ce conflit, marqué par de nombreux récits d’exactions sur les populations (massacres, viols, déplacements de population…).

L’EHRC a appelé toutes les parties à respecter le cessez-le-feu, que le gouvernement éthiopien dit avoir décrété pour permettre la distribution d’aide humanitaire et le travail des cultures.

« Il est essentiel d’avoir un véritable cessez-le-feu ouvrant la voie à un dialogue permettant d’apporter une solution politique », a répété samedi le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, jugeant « totalement inacceptable » la destruction d’infrastructures civiles.

Si le gouvernement tigréen d’avant-guerre a appelé à « intensifier » la lutte et à chasser de la région tous les « ennemis », il a assuré soutenir l’ONU et les organisations « travaillant à fournir une assistance vitale » aux Tigréens, se disant « déterminé à faciliter l’accès humanitaire ».

Prisonniers de guerre

Vendredi, un grand nombre de prisonniers de l’armée éthiopienne sont arrivés à Mekele, à pied et en camions.

Selon les TDF, il s’agit de plus de 7.000 soldats qui ont marché durant quatre jours depuis la localité d’Abdi Eshir, située à 75 km au sud-ouest de Mekele.

Traqués durant des mois par l’armée éthiopienne, les dirigeants de l’ancien gouvernement régional, dont son président Debretsion Gebremichael, ont fait leur retour dans la capitale tigréenne.

Contrôlant une grande partie de la région et bénéficiant d’un soutien populaire, les TDF devraient désormais diriger leurs efforts vers les zones de l’ouest et du sud de la région, annexées au début du conflit par les forces amhara.

Les Amharas estiment que le TPLF s’en sont emparés illégalement au début des années 1990.

L’EHRC indique par ailleurs surveiller des informations faisant état « d’arrestations d’employés de médias et d’habitants d’origine tigréenne soupçonnés d’être liés à la situation actuelle dans la région » à Addis Abeba, pointant un « risque de profilage ethnique ».

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