Alors que le géant allemand du transport maritime Hapag-Lloyd a été pris en flagrant délit de fraude par les douanes sénégalaises, le navire vient d’être repéré au port de la Mauritanie voisine. Greenpeace craint que ce dernier tente d’y déverser sa cargaison de déchets plastiques.
Selon Libération, le cinquième plus grand armateur du monde menait une action frauduleuse pour faire entrer 25 tonnes de déchets plastiques au Sénégal. La cargaison illégale de déchets plastiques a été saisie sur le navire Hansa Neuburg. La compagnie a accepté de payer une amende de 2 milliards de francs CFA et de réexporter les produits en question.
Ce n’est pas une première pour la compagnie maritime. En juin 2020, elle s’est engagée à ne plus déverser ses déchets en Chine, mais avait déjà commencé à les détourner vers le Vietnam en 2018.
En début de semaine, Greenpeace a révélé comment le Royaume-Uni et l’Allemagne ont déversé et brûlé des déchets plastiques en Turquie. Cette débâcle qui se joue en Afrique de l’Ouest illustre encore plus clairement l’implication systématique de ce même pays dans le déversement de déchets plastiques dans des pays marginalisés.
Awa Traore, responsable de campagne Océans de Greenpeace Afrique, a déclaré:
« Nous sommes consternés par l’audace de la compagnie maritime. Le fait d’expédier ces déchets vers un pays voisin alors que le gouvernement sénégalais lui a opposé son refus est un manque de respect envers tous les Africains, car la compagnie se croit capable de créer un conflit entre nous.
« L’Afrique n’est pas un dépotoir et ne saurait être soumise à la merci des intérêts des entreprises. Elles font croire au monde entier que les emballages en plastique peuvent être durables, mais ils finissent par échouer sur nos côtes. Le gouvernement sénégalais a créé un bon précédent en imposant une amende aussi lourde. Espérons que le gouvernement mauritanien suivra cet exemple et refoulera ce navire. »
Manfred Santen, responsable de la campagne Detox de Greenpeace Allemagne, a déclaré:
« Les pays industriels doivent cesser de déverser leurs déchets plastiques dans les pays du Sud. Nous ne devons pas produire plus de déchets que ce que nous pouvons recycler chez nous. Pour éviter définitivement les exportations illégales de déchets, nous devons mettre en place des contrôles et des sanctions efficaces et prendre des mesures plus fermes contre les entreprises qui enfreignent les lois internationales. Nous devons également nous interroger sur le rôle des compagnies maritimes qui profitent du commerce des déchets. »