NOUAKCHOTT, le 1e juin 2021 —Alors que sa croissance économique a marqué le pas en 2020 à cause de la pandémie de coronavirus, la Mauritanie pourrait augmenter sa richesse de 19 % si elle misait davantage sur le potentiel économique des femmes en promouvant l’égalité hommes-femmes et le capital humain. C’est la conclusion du 4e rapport sur la situation économique en Mauritanie, publié aujourd’hui par la Banque mondiale.
Intitulé « Accélérer la relance économique en misant sur le potentiel des femmes », le rapport révèle en effet que la crise sanitaire provoquée par la pandémie de COVID-19 a entraîné un recul important de la croissance de 5,9 % en 2019 à -1,5 % en 2020. Une situation qui a particulièrement touché les travailleurs urbains du secteur des services et les ménages. L’étude note toutefois que le soutien financier d’urgence apporté par les bailleurs de fonds et l’amélioration des termes de l’échange ont permis d’alléger les pressions sur le compte courant et le budget. De fait, le ratio de la dette publique sur le PIB de la Mauritanie est resté stable à 73,5 %, mais le risque de surendettement demeure élevé.
« Pour soutenir la reprise économique et reconstruire une économie plus durable et équitable, le gouvernement est encouragé à utiliser la marge de manœuvre budgétaire existante afin de soutenir les dépenses favorables à la croissance, tout en assurant la soutenabilité de la dette publique », explique Cristina Santos, responsable des opérations de la Banque mondiale en Mauritanie.
La hausse de l’activité extractive, notamment avec le démarrage de la production de gaz du champ offshore de Greater Tortue/Ahmeyim (GTA) en 2023 et la relance progressive du secteur non-extractif devraient permettre un retour progressif de la croissance économique. Ces prévisions sont néanmoins sujettes à de nombreux risques et incertitudes relatifs à l’épidémie de COVID-19, aux chocs climatiques, au retard des réformes structurelles et à l’insécurité dans la région du Sahel.
Le rapport consacre un chapitre spécial aux inégalités entre les hommes et les femmes et analyse les principaux obstacles à la participation des femmes à l’économie mauritanienne. Il constate notamment que malgré les progrès réalisés en matière de scolarisation des filles, ces dernières obtiennent des résultats et un niveau d’instruction plus faibles que les garçons. Et ce, pour de multiples raisons, en particuliers le mariage et les grossesses précoces qui obligent les filles à quitter les bancs de l’école très jeunes et ont également des conséquences graves sur leur santé et celle de leurs enfants. Le manque d’accès aux emplois porteurs et au financement, ainsi que des droits fonciers restreints empêchent les femmes mauritaniennes de s’épanouir professionnellement et de contribuer à la transformation économique de leur pays.
Selon les auteurs du rapport, plusieurs réformes pourraient être envisagées par les autorités pour combler le fossé économique entre les hommes et les femmes et encourager l’inclusion des femmes. À commencer par des réformes juridiques pour faciliter l’accès des femmes à l’emploi, aux actifs et aux autres ressources productives. De plus, il est important de mettre progressivement un terme aux mariages précoces et accorder aux femmes les mêmes droits fonciers et professionnels qu’aux hommes. Le rapport conclut que la société tout entière bénéficiera de nouvelles réformes qui protègent les femmes et leur permettent de contribuer pleinement au développement économique de leur pays