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« Un roi qui se meurt. Qui sait qu’il va mourir. Ne précipite pas son pays dans sa chute avec lui », Caroline Roussy, Directrice de Recherche à IRIS

Monsieur Le Président, il m’arrive bien parfois de ne pas vous comprendre. De chercher à comprendre certaines de vos sorties médiatiques. Depuis quelque temps. Toutefois, je me faisais toujours violence tant que je penssasse que c’est l’homme politique senegalensis qui parlât. Mais votre intervention, lundi, à l’ouverture du dialogue national à Diamnadio, m’a laissé pantois. J’étais à la fois sidéré et surpris de voir et entendre le président de la république du Sénégal, mon pays, une nation de grande démocratie en Afrique, s’exprimer sous un ton méprisant et haineux envers son peuple. Le visage frisé. La mine déconfite. En langue Wolof, vous avez dit ceci de façon littérale : « J’ai préféré le dialogue pour trouver un consensus. Et même si j’avais choisi une date à la place du dialogue, personne n’aurait le pouvoir de s’y opposer. Tout le monde devait de s’y conformer. Je suis pressé de quitter le pouvoir. Si ça ne tenait qu’à moi, je n’allais même pas assister à la Présidentielle prochaine ».


Monsieur Le Président, j’ignore vraiment ce qui vous arrive et vous hante l’esprit. Depuis que par la force des choses, sous la contrainte ou pas, vous avez décidé de « manière volontaire » de ne pas briguer, pour la troisième fois, le suffrage de vos concitoyens d’ici et d’ailleurs et par-delà mers et frontières. Mais vous devez avoir vraiment mal. Très mal au point que votre renonciation au mandat auquel vous en aviez « droit » comme vous dites, a causé un traumatisme certain à l’idée de penser à quitter le pouvoir. Faire comme certains de vos homologues et amis de la sous région, aurait été votre salut. Mais l’opposition et la société civile ne vous ont ni donné l’onction ni la possibilité. Hélas. A partir de là, j’ai remarqué que vous avez senti une fracture. Une trahison peut-être. Après tant de réalisations. Dos efforts pour un Sénégal prospère. Mais ainsi va la vie. Avec ses hauts et des bas. Ses joies et ses peines.

Un président métamorphosé

Je trouve, Son Excellence, qu’un Président de la République ne parle pas ainsi à son peuple. Bien qu’en fin de mandat. Même si vous n’avez plus besoin ni soutien ni capital sympathie de sa part, le dépit avec lequel vous vous êtes adressé à votre peuple et au-delà, au monde entier, ne vous offre pas une sortie par la grande porte. Merveilleuse. Et heureuse.
Je me rappelle encore comme si c’était hier, l’enthousiasme et l’espoir que vous avez suscité envers ce même peuple, pour son développement, sa soif de liberté et de démocratie. En 2012. Durant la campagne électorale. Moi. Comme jeune reporter. Au premier tour. Entre les deux tours. Et la reprise de la campagne victorieuse du second tour qui consacra votre arrivée à la magistrature suprême. Du Boundou au Kassa en passant par le Balantacounda, le Sine et le Saloum, le Fouta, le Djolof et…le Fogny. Ces mêmes populations envers qui vous manifestez votre colère injustifiée de perte du pouvoir, ne vous reconnaissent plus. Vous êtes totalement métamorphosé. Vous êtes désormais dans une autre coquille qui ne ressemble pas à votre sélection naturelle. Telle une cellule du corps qui arrive à une certaine phase de sa vie, vous avez toute motricité.
Monsieur Le Président, que reprochez-vous exactement à votre peuple. Qu’une bonne partie vous ait tournée le dos ? Ce n’est point une raison suffisante. Ce peuple vous a tout donné. Il ne vous doit plus rien. Depuis près 24 ans, vous êtes aux affaires. Vous êtes passé du poste de directeur à Président de l’Assemblée nationale en passant le poste ô combien stratégique de Premier ministre et ministre de l’intérieur et de la sécurité publique avant d’atterrir à la station suprême que vous occuperez jusqu’au 2 avril prochain. N’est-ce pas suffisant et gratifiant ce privilège ?
M. Le Président, quoiqu’il advienne. Que le vent souffle fort. Que la mer se déchaîne. Un capitaine n’abandonne pas son navire qui tangue laissant à bord, ses lieutenants sans secours.


Gaston MANSALY
Journaliste
gastonmansaly@gmail.com

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