L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a exprimé lundi ses inquiétudes quant à l’existence de plusieurs sites nucléaires iraniens non déclarés d’une part, et une hausse du stock d’uranium enrichi de Téhéran d’autre part, selon deux rapports consultés par l’AFP.
Concernant les sites, « leur localisation actuelle n’est pas connue par l’agence», explique l’instance onusienne, qui a son siège dans la capitale autrichienne. Trois sites non déclarés au total sont dans son viseur et l’Agence en mentionne un quatrième, pour lequel «l’Iran n’a pas répondu aux questions», selon l’un des documents.
Dans son précédent rapport de février, l’AIEA s’était déclarée « vivement préoccupée » par un de ces sites sans le nommer, en l’occurrence l’entrepôt du district de Turquzabad, dans la province de Téhéran.
3.241 kilos d’uranium enrichi
L’agence s’inquiète également du stock d’uranium faiblement enrichi accumulé par l’Iran. Sa quantité est désormais près de 16 fois supérieure à la limite autorisée par l’accord international de 2015. Elle atteint en effet, selon les estimations de l’AIEA, 3.241 kilos, pour un plafond fixé à 202,8 kilos, et contre 2.967,8 kilos en février.
Si le stock continue de s’accroître, la cadence d’augmentation s’est toutefois ralentie par rapport aux trois mois précédents, alors que le complexe nucléaire de Natanz a été victime le 11 avril d’une explosion imputée par Téhéran à Israël.
Outre cet uranium enrichi à moins de 5%, l’Iran a repris depuis le début de l’année l’enrichissement à 20%, avant de franchir un cap inédit en avril en montant à 60%, se rapprochant ainsi dangereusement des 90% nécessaires à une utilisation militaire.
Selon le rapport, le stock à 20% s’élève à 62,8 kg et celui à 60% à seulement 2,4 kg pour le moment.
Ramener les États-Unis dans l’accord
Ces déclarations surviennent alors que les grandes puissances sont réunies depuis début avril à Vienne pour ressusciter l’accord international destiné à empêcher la République islamique de se doter de la bombe atomique. Mis en place en 2015, ce « plan d’action global commun » (JCPOA, selon son acronyme anglais) est en effet moribond depuis que Donald Trump a décidé d’en claquer la porte en 2018.
La République islamique s’est depuis affranchie progressivement de ses obligations nucléaires, en riposte au rétablissement des sanctions américaines par Donald Trump. Joe Biden avait fait du retour dans l’accord l’une de ses promesses de campagne, mais les discussions n’ont pour l’heure pas encore abouti.
Un accord avant le 18 juin ?
Le dimanche 23 mai dernier, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken a déclaré que son pays n’avait pas encore vu de signes concrets d’une volonté de l’Iran de « faire le nécessaire » pour se conformer à l’accord nucléaire et permettre ainsi la levée de certaines sanctions américaines. « La question à laquelle nous n’avons pas encore de réponse est de savoir si l’Iran, en fin de compte, est prêt à faire le nécessaire pour se conformer de nouveau à l’accord »,a affirmé le chef de la diplomatie américaine sur la chaîne de télévision CNN, commentant les négociations indirectes qui se tiennent à Vienne.
Les discussions « peuvent facilement donner des résultats si une décision politique est prise à Washington», avait alors répliqué le porte-parole iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh.
Les diplomates se montrent malgré tout optimistes et espèrent parvenir à un accord avant la présidentielle du 18 juin en Iran. Les électeurs sont appelés aux urnes pour élire un successeur au président modéré Hassan Rohani. Celui-ci, qui avait signé l’accord de 2015 avec Barack Obama, fait désormais face à un climat de mécontentement général alors que son pays traverse une grave crise économique et sociale.