Abdelmajid Tebboune s’est livré à un long entretien publié ce jeudi matin par le journal français Le Point. Le président algérien est revenu aux affaires il y a quelques mois après une longue convalescence en Allemagne. Interrogé par les historiens et journalistes algériens Kamel Daoud et Adlène Meddi, le président Tebboune est revenu sur de nombreux enjeux de sa présidence, notamment les relations extérieures de l’Algérie avec le Sahel, Maroc, le Sahara occidental ou encore la France.
Dans sa dernière interview en mars dernier, Abdelmadjid Tebboune avait déjà écarté une intervention militaire de l’Algérie au Sahel, le président algérien a réitéré ses propos. « Ce n’est pas la solution », a-t-il déclaré. Pour autant, il assure que son pays ne laissera « jamais le nord du Mali devenir un sanctuaire pour les terroristes » encore moins si cela devait prendre la forme d’une « partition du pays ».
Sur l’efficacité de la politique militaire, le président Algérien a regretté le manque d’efficacité et le manque de moyen de la force du G5 Sahel, tout en défendant une solution politique, via les accords d’Alger conclus en 2015.
Abdelmadjid Tebboune a enfin pointé du doigt la responsabilité du Maroc dans les rapports difficiles entre les deux pays. « Le Maroc a toujours été l’agresseur » affirme-t-il, estimant que l’Algérie ne pouvait « ouvrir ses frontières avec un pays qui l’agresse quotidiennement ».
Au sujet du Sahara occidental, il a appelé le Maroc a respecté le droit international et la volonté d’autodétermination sahraouie, rappelant que le Front Polisario, pourtant soutenu par l’Algérie, avait de plus en plus de mal à contenir sa jeunesse.
Les rapports avec la France
Dans cet entretien, le président est également revenu sur les relations avec la France d’Emmanuel Macron. « Reconnaitre, c’est une forme de repentance », estime Abdelmadjid Tebboune. Interrogé sur la question de la mémoire entre la France et l’Algérie, notamment sur la reconnaissance des crimes commis par l’armée française durant la colonisation, le président algérien a demandé une mémoire apaisée et reconnue. S’il n’attend pas de compensation financière, il appelle la France à venir « nettoyer les sites des essais nucléaires » rappelant que la radioactivité fait encore des victimes.
Sur le rapport demandé par l’Élysée à Benjamin Stora, Abdelmadjid Tebboune salut un historien « proche de la vérité », mais estime que ce rapport était « uniquement destiné aux Français ». Sur l’évolution des rapports bilatéraux, il a regretté le manque de connaissance de la diplomatie algérienne des responsables français, en référence à la rencontre de haut niveau annulée par les Algériens suite à la défection de nombreux ministres français.
Enfin, d’un point de vue économique, le président algérien a pointé du doigt les lobbys proches de « l’Algérie française » et de l’influence marocaine qui « criminalisent » le fait de travailler avec l’Algérie. En ce sens, il a également rappelé que les relations devaient se construire d’égal à égal entre les deux pays