Le polémiste, condamné plusieurs fois pour provocation à la haine, n’est pas officiellement candidat. Mais s’il laisse planer le doute, en coulisses, un plan de campagne s’organise.
Éric Zemmour candidat à l’élection présidentielle de 2022? Cette petite musique est jouée depuis plusieurs mois, mais le principal intéressé n’a jamais rien confirmé, laissant planer un doute sur sa possible lancée dans la course à l’Élysée. Plusieurs signaux laissent toutefois penser que le polémiste proche de l’extrême droite se prépare réellement à cette éventualité.
« Zemmour a une idée derrière la tête », assurait le président Les Républicains des Hauts-de-France Xavier Bertrand en février à L’Express, tandis que le maire de Béziers, Robert Ménard, racontait la fois où l’écrivain lui avait demandé comment s’organisait le financement d’une campagne, ou la récolte des signatures d’élus.
Les signaux d’une candidature en préparation
L’écrivain est également entré en contact avec Patrick Stefanini, proche de la présidente de la région Île-de-France LR Valérie Précresse, et ancien directeur de campagne de François Fillon, en vue de l’organisation d’une éventuelle campagne. Patrick Stefanini a refusé, mais la démarche est signifiante.
Plusieurs initiatives annexes, autour d’Éric Zemmour, vont également dans ce sens, comme l’association « Les amis d’Éric Zemmour », lancée par l’élu d’extrême droite Jacques Bompard maire d’Orange (Vaucluse), ou le mouvement de jeunes « Génération Z », qui appuient une candidature pour 2022. Ces organisations ont même lancé une pétition en ce sens.
Antoine Diers, membre du parti Les Républicains et soutien d’Éric Zemmour, assure sur notre antenne que l’écrivain « consulte ». « Moi j’ai fait tout cela, aujourd’hui je veux faire autre chose », lui aurait-il déclaré. « Il s’interroge très sérieusement, il construit quelque chose, et on est nombreux autour de lui à vouloir l’aider à construire ce schéma-là », explique le militant.
Il présente une vision très optimiste d’une possible campagne présidentielle assurant qu’Éric Zemmour a rencontré des élus locaux qui lui disent « qu’il fait le bon constat », et que des fonds sont actuellement récoltés.
« Ni dans le Rassemblement National, ni dans Les Républicains »
Selon un sondage Ifop pour Valeurs Actuelles début mars, l’écrivain recueillerait ainsi 17% des suffrages au premier tour, mais seulement si Marine Le Pen (Rassemblement National) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France) ne se présentaient pas, éventualité peu envisageable actuellement.
« Quand on a ce potentiel là, on comprend a minima que la question puisse se poser, d’autant qu’Éric Zemmour fascine un électorat qui ne se retrouve ni vraiment dans le Rassemblement National version Marine Le Pen, ni dans Les Républicains », déclare sur BFMTV Jean-Sébastien Ferjou, directeur de la publication du site Atlantico. L’option Zemmour « nous permet tout à la fois de sortir des querelles internes des Républicains (…) et de sortir surtout du piège qui est Républicains ou RN. Non, il y a une autre option », déclare Antoine Diers.
Interrogés par Le Parisien, plusieurs proches d’Éric Zemmour confirment bien son envie de se présenter, mais soulignent également les hésitations de ce dernier. « Il est entouré d’aficionados qui le poussent », déclare une amie au quotidien. « Il suscite un engouement assez fou, il y est sensible », confirme un proche. Sa candidature supposée semble en effet entraînée par un engouement extérieur, porté par l’espoir de casser la digue entre la droite et l’extrême droite.
Un chemin encore long avant une candidature
Mais le chemin est encore long jusqu’à une candidature. Outre la question du financement d’une potentielle campagne ou celle des 500 signatures d’élus à récolter, Éric Zemmour devra aussi créer un programme et se positionner sur tous les domaines: « On l’a beaucoup entendu sur les sujets régaliens, les sujets d’immigration, l’islamisme etc… » mais moins sur l’économie, note Jean-Sébastien Ferjou, ajoutant toutefois qu’il « a rencontré des économistes et essayé de faire travailler des gens autour de lui » sur ces sujets.
Éric Zemmour « est un polémiste, ça n’est pas pour l’instant un homme politique », déclarait Marine Le Pen en mars sur notre antenne. « Je ne crains pas sa candidature, je ne la crains pas comme je ne crains aucune candidature », assurait-elle alors. Selon des informations du Parisien, elle aurait tout de même demandé début mai à son père Jean-Marie Le Pen de dissuader l’écrivain de se lancer dans la course.
L’écrivain a déjà été condamné à deux reprises pour injure et provocation à la haine après des propos violents contre l’islam et la communauté musulmane. En octobre dernier, Elisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, avait saisit la Justice après « une sortie abjecte et raciste », selon ses propres mots. Dans le cadre de son émission sur CNews, l’essayiste, interrogé sur les mineurs isolés immigrant en France, les avait qualifiés de « voleurs », « d’assassins » et de « violeurs ».
C’est au mois de septembre prochain que les intentions d’Éric Zemmour concernant la présidentielle pourraient se faire plus claires, à la suite de la parution de son prochain livre