On a voté au Burkina Faso, malgré des bureaux de vote qui n’ont pas ouvert faute d’une présence de l’État, administrative et sécuritaire, suffisante.
Tout ce que je souhaite, c’est que la paix revienne , souffle Yonli Bapouguini, un infirmier de 24 ans, dans la file d’un bureau de vote du quartier Zogona, dans la capitale Ouagadougou. Ce dimanche 22 novembre, le jeune homme votait pour la première fois à l’occasion des élections présidentielles et législatives au Burkina Faso où quelque 6,5 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes. Un scrutin à hauts risques, marqué par un contexte sécuritaire particulièrement tendu. En cinq ans, les attaques terroristes ont fait plus de 1 600 morts et un million de déplacés ont été contraints de fuir leur foyer à cause des violences. Dans ce contexte délétère, le président Roch Marc Christian Kaboré, élu en 2015 et qui brigue un second mandat, fait face à douze candidats, dont plusieurs poids lourds de l’ancien régime tombé il y a six ans suite à une insurrection populaire.
« Le pays va mal »
Insécurité, chômage, grèves… Le pays va mal, je veux le changement ! , s’attriste Théophile Dabiré. Ce juriste de 29 ans a décidé de voter cette année pour la rupture , sans préciser le nom de son candidat. À la Patte d’oie, le quartier acquis au parti au pouvoir, d’autres prônent plutôt de donner une seconde chance » au sortant. C’est vrai qu’il n’a pas tout réalisé, mais il a fait son maximum et a su rester résilient malgré tout, ces attaques ce n’est pas de sa faute, donnons-lui encore cinq ans , défend Daouda Sorgho, un chauffeur de 42 ans.
Dans certaines localités, au nord et dans l’est du pays, le scrutin n’a, en revanche, pas pu se tenir à cause de la menace des groupes armés, certains affiliés à al-Qaida, d’autres à l’organisation État islamique.
Des centaines de bureaux de vote n’ont pas pu ouvrir à cause de l’insécurité. Des hommes armés sont passés pour dire qu’il n’y aurait pas d’élections ici , rapporte un habitant, par téléphone. Dans certaines localités, les populations sont menacées ; on leur dit que celui qui va voter et plonge son doigt dans l’encre indélébile, il peut dire adieu à son doigt , rapporte Ahmed Newton Barry, le président de la Commission électorale nationale indépendante, qui s’est malgré tout félicité du bon déroulement du vote.
Les résultats sont attendus pour ce lundi 23 novembre, selon les prévisions de la CENI.