Les élections régionales au Cameroun auront lieu à la fin de la semaine, dimanche 6 décembre. Un scrutin au suffrage indirect historique : même s’ils sont prévus par la Constitution de 1996, ce sera en effet la première fois que des conseils régionaux seront mis en place avec des présidents de régions. C’est la dernière étape de la décentralisation mise en place par le pouvoir. Mais à Yaoundé, la capitale, peu sont ceux qui suivent un scrutin qui semble joué d’avance. Reportage au marché Melen.
Dans une gargote, sur le marché de Melen, des hommes sont attablés devant des brochettes. L’un d’entre eux est élu au conseil municipal de la ville. Dimanche 6 décembre, il ira voter aux élections régionales. « Je suis parmi les grands électeurs », confie-t-il.
Il vante un nouveau système plus proche de la population, même si le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, est presque assuré de remporter toutes les régions : « Avec la décentralisation, il y a un gouvernement local qui devra gérer. Le gouvernement central est là juste pour donner les grandes lignes. Je suis loin de croire que le pouvoir central va continuer de tenir les rênes. »
« C’est une démocratie de façade »
Mais deux jeunes, assis devant une boutique, résument le sentiment général. « Je ne suis pas intéressé, pour vous dire. Mes voisins ne le sont pas non plus », lâche l’un d’eux. Le deuxième ajoute : « La plupart des gens ne savent même pas de quoi il s’agit. Peu s’intéressent aux affaires politiques. »
Non loin, un homme adossé à une porte explique : « Il n’y a qu’un seul parti au Cameroun. Quand d’autres partis cherchent à se développer, ils sont »marqués », en quelque sort. Ce qui fait que les élections ne concernent, en fait, qu’un seul parti. Il n’y a pas de match, pas d’élection. C’est une démocratie de façade. »
Sans ouverture politique, sans débat de fond, il ne pense pas qu’une véritable décentralisation soit possible.