Lettre ouverte signée par les présidents des associations membres de la fédération sénégalaise des Associations de consommateurs (FeSAC) dont l’Adls est membre.
Monsieur le Président de la République,
L’Association pour la Défense des Locataires du Sénégal (ADLS) souhaite vous saisir de leurs vives inquiétudes face à l’augmentation fulgurante des dossiers d’expulsion de locataires en difficultés et aux conditions de plus en plus précaires depuis le début de la pandémie.
En effet, le grand nombre des mesures mises en œuvre au lendemain de la loi d’habilitation et les conséquences néfastes de la COVID 19 viennent encore de frapper les locataires les plus vulnérables.
M. le Président, le vendredi 18 septembre 2020 passé, près de 500 nouveaux dossiers en voie d’expulsion ont été enregistrés au tribunal hors classe de Dakar. Bis répetita ! Ce vendredi 23 octobre, hormis la centaine d’anciens cas, 678 nouveaux cas en expulsion sont encore enregistrés. Bon nombre de chefs de familles risquent de passer le « Gamou » dans des conditions difficiles. Nous ne pensons pas que tous ces « gorgolou » soient tous de mauvais payeurs.
Si nous avions salué la courageuse mesure de suspension des expulsions durant la loi d’habilitation, nous déplorons tout de même cette vague d’expulsion à laquelle assistons en toute impuissance.
Cette loi qui avait permis de ne pas expulser des locataires pendant la période de la pandémie n’a connu aucune mesure d’accompagnement pour ceux qui sont en chômage technique (jusqu’à présent) et tous ceux qui ont eu une cessation d’activités pour la même raison.
Ces inquiétudes ont été confirmées récemment par l’enquête publiée par l’ANSD qui avance que 54,4% des ménages sont des locataires et cette constante baisse du pouvoir d’achat provoquée par la crise sanitaire.
Ainsi, beaucoup de familles risquent d’être jetées dans la rue si rien n’est fait.
En définitive, les plus impactés apparaissent aujourd’hui comme les grands perdants de cette mesure présidentielle.
La pauvreté et les inégalités augmentent ainsi en même temps, minant la cohésion sociale de notre pays et ternissant davantage les rapports entre bailleurs et locataires.
Il est donc temps d’agir résolument pour l’amélioration des conditions de vie en permettant au moins à ces nombreux mères et pères de famille de garder l’unité familiale.
C’est pourquoi, nous vous demandons, M. le Président de la République, de venir au secours des locataires qui sont présentement dans le désarroi et qui ne savent plus à quels saints se vouer.
Comme nous l’avons toujours exprimé, plusieurs conditions nous paraissent déterminantes pour leur apporter cette assistance urgente :
–Un système de moratoires pour tous ceux qui ont des dossiers en instance.
–Ne point expulser un impacté (chômage technique, perte d’emploi, et tous ceux qui gagnaient leur pain au jour le jour) de la pandémie.
– Demander la clémence des juges sur les dossiers dont les locataires peuvent attester de leur impossibilité de payer pour des raisons dues à la pandémie…
Enfin M. le Président, Il est temps que le gouvernement enclenche ce tournant social tant attendu et prenne en considération les plus vulnérables que sont certains locataires, afin de mettre en place « une véritable régulation des loyers et de l’immobilier au Sénégal », selon votre volonté régulièrement exprimée.
Face à cette urgence sociale, nous restons à votre disposition pour travailler ensemble afin d’échanger et de construire ensemble des réponses adaptées qui placent la réalité de vie des personnes les plus vulnérables au cœur de la volonté de réforme et de relance économique.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le président de la République, l’assurance de notre haute considération.
Signataires :FeSAC et Bureau exécutif de l’Association des Locataires du Sénégal (A.D.L.S).
ElimaneSall, pdt et Maitre Bassirou Sakho, vice-président. ( tel : 77 655 34 60 ; 77 651 62 84)